Cela signifie que Dieu comme Personne exprime quelque chose <strong>de</strong> sonessence divine dans ses propres opérations, que l’essence divine ne <strong>de</strong>meure passtrictement en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> ce mouvement que sont les actes <strong>de</strong> Dieu, que ces actes nesont ni extérieurs, ni contraires à l’essence divine, mais s’enracinent en elle. Maisces duname'i" ne font pas un avec l’ojusvia, ils n’en contiennent pas la totalité.L’essence n’est entière qu’en celui qui la posse<strong>de</strong>.Le plus remarcable est que, lorsque qeulqu’un communique il transmetégalement tout ce que son essence a <strong>de</strong> spécifique. Ansi, mais <strong>de</strong> façon restreinte,les energies divines contiennent ce qui est spécifique à l’ensemble <strong>de</strong> l’essencedivine. 19 De tout cela il résulte un paradoxe: Dieu, <strong>de</strong>scendant à la relation avecl’homme, y entre d’une part avec tout ce qui lui est spécifique et d’autre part Il n’yentre qu’avec certaines <strong>de</strong> ses énergies. Dans sa relation avec nous, Dieu seconforme à nous, il nous fait sentir son amour personnel, en nous attirant vers Lui,mais dans le même temps, Il reste immuable en lui même.Les <strong>de</strong>ux aspects <strong>de</strong> l’ojusvia imparticipable et <strong>de</strong>s duname'i" participablesdonnent le trait caracteristique <strong>de</strong> la spiritualité du Saint Grégoire: la lumière et laténèbre, le repos et le mouvement, la sobriété et l’ivresse sont moins <strong>de</strong>ux momentssuccessifs que <strong>de</strong>ux aspects complémentaires. L’un, lumière, repos, correspond à larèalité <strong>de</strong> la participation; l’autre correspond à la transcendance infinie <strong>de</strong>l’essence. L’état mystique dans sa réalité inéffable est précisément d’être lasynthèse <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux éléments apparement inconciliables. Le génie du SaintGrégoire est <strong>de</strong> n’avoir pas sacrifié l’un à l’autre, <strong>de</strong> n’avoir pas abandonné laréalité <strong>de</strong> la participation à la maniere <strong>de</strong>s mystiques du vi<strong>de</strong>, comme chèzEckhardt, et non plus <strong>de</strong> ne pas avoir minimisé la transcendance, comme le faitOrigène. 20) La vie spirituelle connaît un mouvement d’instase et d’extase, unesystole et une diastole que le mot epectase exprime. Il est d’une part, possesion“jepvi“,Dieu est dans l’interiorité <strong>de</strong> l’âme; Il est d’autre part “jek“, sortie <strong>de</strong> soi,irréductibilité infinié <strong>de</strong> Dieu à l’âme qui arrache toujours l’âme à elle-même dansl’extase <strong>de</strong> l’amour. Dieu est interieur à l’âme et y <strong>de</strong>meure, mais par l’amourl’âme est jetté, attiré hors d’elle vers Lui. Ainsi, “Dieu vient dans l’âme et l’âmeémigre en Dieu.”19 Pr. Prof. Dr. D. Stăniloae, Dieu est Amour, traduction d’un cours <strong>de</strong> dogmatique qui a été publiédans Ortodoxia no. 3/1971, faite par Daniel Neeser, Labor et fi<strong>de</strong>s, Geneva 1980, p. 31.20 J. Daniélou, Platonisme..., p. 322.44
Le mouvement spirituel est une synthese <strong>de</strong> changement et <strong>de</strong> continuité. Ilest une durée ou le présent est riche <strong>de</strong> tout le passé. Il y a à la fois pour l’âme uneaspect <strong>de</strong> stabilité, <strong>de</strong> posession, qui est la participation qu’ elle a à Dieu - et <strong>de</strong>l’autre un aspect <strong>de</strong> mouvement qui est l’ecart toujours infinie <strong>de</strong> ce qu’ellepossé<strong>de</strong> <strong>de</strong> Dieu et <strong>de</strong> ce que Dieu est. Saint Grégoire a exprimé cela dans cepassage remarquable:“O, Moïse, puisque to es tendu d’un grand <strong>de</strong>sir vers ce qui est en avant etta course ne connaît pas <strong>de</strong> lassitu<strong>de</strong>, sache qu’il y a prés <strong>de</strong> moi un espace sigrand qu’en le parcourant to ne pourras jamais trouver <strong>de</strong> terme à ta course. Maiscette course à un autre point <strong>de</strong> vue est stabilité (stvasi"). En effet, je t’etabliraisur le roc. C’est la plus paradoxale <strong>de</strong> toutes choses que stabilité (stvasi") etmouvement (kvinhsi") soient la même chose...” 21)L’enseignement du Saint Grégoire sur l’epectase dans la vie eshatologiquea été precisé par Saint Maxime le Confesseur qui parle aussi d’une i<strong>de</strong>ntité entre lemouvement et la stabilité; la perfection dont hériteront les élus dans le royaume <strong>de</strong>Dieu sera kat;a t;hn jen stvasei tautvothta. 22) Saint Maxime montre ladifference entre le mouvement spirituel dans la vie terrestre et le mouvement <strong>de</strong>l’âme dans l’eschaton.La vie terrestre est la vie active, mais la vie future sera la vie ou l’âme doit“souffrir” sa transformation en Dieu, elle sera une vie “passive”, mais d’unpassivité au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la nature. 23) Ici nous travaillons pour accomplir les vertusavec les forces <strong>de</strong> la nature humaine, mais dans l’eshaton nous <strong>de</strong>vons “souffrir”notre transformation en Dieu en recevant par la grâce le pouvoir d’êtreperpetuellement transformé en Dieu. 24) Le mouvement spirituel dans la vieeternelle ne sera pas un effort propre <strong>de</strong> la nature humaine mais un don inépuisé<strong>de</strong> Dieu. 25)Les cappacités terrestres <strong>de</strong> l’âme entre dans la vie eschatologique dans unnouvel état (pour Saint Maxime on ne peut passer au Sabbat divin qu’à travers la“mort “ <strong>de</strong> la creature), elles <strong>de</strong>viennent plus transparentes et sont comblés etactivés par la grâce dans une manière unique. Le cœur pur ne connaît plus <strong>de</strong>21La vie <strong>de</strong> Moïse, XLIV, 405 C, trad. cit., p. 271.22 Centuries gnostiques II , 88 P.G. 90, 1165d, trad rom. <strong>de</strong> Pr. Prof. Dr. D. Stăniloae, dans FilocaliaII, Sibiu, 1947, p. 203.23 Quaestiones ad Thalassium 22, trad rom. <strong>de</strong> Pr. Prof. Dr. D. Stăniloae, dans Filocalia III, Sibiu,1948, p. 75.24 Ibi<strong>de</strong>m, p. 76.25 Pr. Prof. Dr. Dumitru Stăniloae, Teologia Dogmatică Ortodoxă, vol. III,Bucarest 1978, p.451.45
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