Untitled - Facultatea de Teologie "Andrei Saguna" - Universitatea ...

Dans toutes les étapes de la vie spirituelle nous trouvons cette “épectase”,mais la tension vers Dieu est différente dans chaque étape particulière. L’amourdivin attend notre réponse. Plus tout qui retarde l’ardeur de la charité disparaît, plusl’âme, libérée de tous ses biens, s’enfonce avec une ardeur croissante dans lesprofondeurs infinies de la divinité:“De même que les corps pesants, s’ils prennent leur élan de quelquesommet, une fois la première impulsion donnée, sont emportés d’eux-mêmes, versle bas par un mouvement rapide... tant que personne ne se trouve pour arrêter leurélan par un obstacle; ainsi l’âme, délivrée de ses attaches terrestres, s’élancelégère et rapide vers les hauteurs et s’envole des choses d’en bas vers le ciel. Sirien ne vient d’un bas interrompre son élan, comme la nature du Bien a propriétéd’attirer à soi ceux qui tournent les yeux vers elle, l’âme s’élève toujoursdavantage au dessus d’elle-même, tendue (jepekteinvomenh) par le désir des chosescélestes vers ce qui est en avant comme dit l’Apôtre et son vol la mènera toujoursplus haut.” 12Remarquable dans ce paragraphe, c’est surtout l’insistance mise sur l’idéeque toute acquisition (katalambanvomeno") est le point du départ d’un nouveauprogrès. C’est l’idée des participations qui élargissent la capacité prise sur un autreregistre.Pour Saint Grégoire, Dieu et l’homme font également partie du mondeintelligible. Or, l’esprit est de soi illimité. En ceci, Dieu et l’âme sont de mêmeordre. Mais la différence est que Dieu est infini en acte tandis que l’âme est infinieen devenir. Sa divinité, c’est de se transformer en Dieu et on comprend dès lorspourquoi dans cette perspective le progrès est constitutif de l’âme même. En effet,la grâce qui est cette perpétuelle adjonction de biens nouveaux, c’est précisémentl’épectase, qui maintient toujours tournée l’âme vers au dela d elle-même. 13Les commentateurs de l’œuvre du Saint Grégoire sont arrivés a laconclusion que l’épectase est la condition même de l’âme. Il ne s’agit donc d’uneetape de la vie spirituelle. L’épectase, c’est le retour même de l’âme à sa vraienature comme “ejikvwn”. Son essence, c’est de se recevoir à chaque instant de Dieutout entiere, d’être perpétuellement créée. Mais Saint Grégoire va plus loin encore:au delà de la mort, à travers l’éternité des siecles, l’âme ira se transformant àjamais en Dieu, sans jamais pouvoir L’égaler, découvrant à jamais en Lui de12 La vie de Moïse, XLIV, 401A, trad. franc. dans S.C. 1, Paris 1968, p. 263.13 J. Daniélou, Platonisme..., p. 317.41