Kunstbulletin Juni 2021
Die Kunstbulletin Juni-Ausgabe 2021. Mit Beiträgen zu: Renée Levi, Olafur Eliasson, Mireille Gros, Franz Erhard Walther uvm.
Die Kunstbulletin Juni-Ausgabe 2021. Mit Beiträgen zu: Renée Levi, Olafur Eliasson, Mireille Gros, Franz Erhard Walther uvm.
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animé de vie. Dans ‹TAFAA – Acid Rave› à La Chaux-de-Fonds en 2019 et ‹TAFAA –<br />
The Century of the Snitch› à la Villa du Parc à Annemasse en 2020, de puissantes<br />
lumières orange changent la perception des couleurs, évoquent une sorte de moiteur<br />
et troublent notre perception. Le paysage se découvre comme une hallucination faite<br />
de câbles de voitures brûlés, d’empreintes latex, de verres et d’une multitude de résidus.<br />
Et puis, il y a la présence d’images ténues et translucides sur des écrans LCD<br />
retirés de leur boitier qui souligne ce regard un peu en coulisse de la réalité.<br />
Les sculptures s’inspirent parfois de notre façon paradoxale à consommer les<br />
images et aux valeurs d’échange qu’elles peuvent véhiculer. Comme cette reprise<br />
d’une image de ‹Pepe The Frog› dans son exposition à la galerie Windhager von Kaenel<br />
à Zurich en début d’année. L’animal apparaît en quelques traits sur une peau de<br />
latex devant un assemblage de tubes fluorescents. Une iconographie nouvelle pour<br />
l’artiste qui signe ici l’usage contradictoire de ce personnage tiré d’une bande dessinée.<br />
Un mème devenu tour à tour un symbole controversé avec l’extrême droite<br />
américaine ou libertaire avec les revendications des Hongkongais. Ici, la grenouille<br />
chante son rêve de liberté.<br />
Capgras ou le syndrome d’illusion des sosies<br />
Parmi ses références, il y a le syndrome rare de Capgras, une maladie psychiatrique<br />
entraînant des troubles de l’identification des personnes de son entourage<br />
en les substituant à des sosies malfaisants. Une rupture dans le cerveau, entre le<br />
centre des émotions et le centre de la vision, qui est compensée par l’invention d’un<br />
double. Une forme de délire qui a inspiré l’artiste dans la conception de ses pièces,<br />
comme si TAFAA était un double de « l’organisme cybernétique planétaire». À la fois<br />
simulation et réminiscence de la réalité, les dispositifs sont une refonte désincarnée<br />
de corps vivants et d’éléments techniques se jouant des similitudes et des associations<br />
que notre cerveau a apprises. Une dualité qu’exprime de façon éclatante son<br />
œuvre ‹TAFAA-Hive› présentée au HeK à Bâle en 2018 dans le cadre de la collective<br />
sur le thème de l’impact des nouvelles technologies et des réseaux sociaux sur nos<br />
relations affectives et sexuelles. L’artiste a reconstitué un système de reproduction<br />
mécanique tiré de la manipulation génétique empêchant certains insectes de se<br />
reproduire. L’appareillage évoque le stand d’une officine ambulante où tout semble<br />
s’acheter clandestinement. Difficile de ne pas penser à un double biotechnologique<br />
annonçant un avenir possible de la reproduction humaine.<br />
La dimension poétique de TAFAA tient à ses articulations de futurs que nous programmons<br />
aujourd’hui, parfois à notre insu. Un souvenir peut-être de ses débuts<br />
d’artiste où Chloé Delarue réalisait des vidéos aux structures narratives expérimentales<br />
évoquant des mondes chimériques.<br />
Nadia El Beblawi, critique d’art, web éditrice, vit à Bâle, nadia.elbeblawi@gmail.com<br />
→ ‹Issue de secours›, Binz39, Zurich, jusqu’au 19.6. ↗ www.binz39.ch<br />
→ ‹Art en plein air›, Môtiers, 20.6.–20 9. ↗ artmotiers.ch<br />
→ ‹Printemps de septembre›, Toulouse, 17.9.–17.10. ↗ www.printempsdeseptembre.com<br />
FOKUS // CHLOÉ DELARUE<br />
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