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Cyvard MARIETTE Louis-Claude Saint-MARTIN Les Décennies 19 ...

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autant de révélations. La réputation de Bœhm fut immense dans son temps; le roi d'Angleterre<br />

envoya près de lui un savant, avec l'unique mission de le comprendre et de le traduire. De nos<br />

jours il a conservé de nombreux adeptes : le lecteur a déjà nommé le plus célèbre d'entre eux,<br />

le fameux <strong>Saint</strong>-Martin, le philosophe inconnu. Singulier spectacle, qui appelle tout à la fois<br />

admiration et sympathie. Voyez ce pauvre cordonnier; vous le croyez peut-être préoccupé des<br />

misères de son humble condition ; mais, sur les ailes de l'inspiration, il voyage avec Platon<br />

dans les sphères les plus élevées du monde des intelligibles.<br />

A la suite de tous ces noms, célèbres à degrés et à titres différents, se présentent ceux de<br />

Descartes, de Malebranche, de Spinoza. C'est dans ce moment qu'il eût été opportun [124]<br />

d'en parler, si nous n'eussions consulté que le seul ordre chronologique.<br />

Mais on l'a vu, avant ce rapide coup d'œil jeté sur le mouvement de l'esprit philosophique<br />

dans les XVe, XVIe et XVIIIe siècles, nous avons commencé par esquisser rapidement<br />

quelques uns des grands traits de leur système. Pour agir ainsi, nous n'avons pas manqué de<br />

motifs. La philosophie de Leibnitz, par conséquent la philosophie allemande tout entière, se<br />

trouvait en germe dans le cartésianisme ; et, par ce motif, nous avons d'abord dit en quoi<br />

consistait ce germe. L'examen des autres systèmes antérieurs au cartésianisme, et dont<br />

Leibnitz put avoir connaissance, ne devait venir qu'après ; ces systèmes, ces doctrines, ces<br />

opinions, sont seulement comme le terrain où a grandi ce germe, où il a développé, en s'en<br />

assimilant une portion, un mouvement progressif et continu que nous allons étudier dès à<br />

présent.<br />

Dans sa jeunesse, Leibnitz ne montra d'inclination particulière vers aucun genre d'études ; les<br />

plus diverses, en apparence les plus opposées entre elles, l'attiraient également.<br />

…<br />

Page 325<br />

… [322] … toutes ces voies, la pensée de Condillac est indiquée comme la dernière borne à<br />

laquelle il soit donné à l'esprit humain de toucher. Il s'en faut de peu qu'aux yeux de Garat<br />

Condillac ne soit a lui seul l'intelligence, le génie de l'humanité. Avec de telles dispositions, il<br />

eût été difficile à Garat de faire autre chose que continuer Condillac devant l'École normale ;<br />

suivant Garat, la sensation est aussi la source, le fondement de nos connaissances ; il se<br />

propose d'abord de l'analyser, de la décrire avec un soin tout spécial. « Ici, disait Garat, je<br />

traduirai, au tribunal de la philosophie de notre siècle et du bon sens du genre humain,<br />

l'opinion de ces philosophes anciens et modernes, qui, dans la recherche de la vérité, ont<br />

récusé le témoignage de tous les sens, qui ont tenté d'anéantir la raison humaine sous sa<br />

propre autorité, et d'arracher les sciences comme de leurs racines. Voilà ce qu'ont fait dans la<br />

Grèce Platon, en France Malebranche, et, ce qu'il y a d'étonnant, en Angleterre, plusieurs<br />

disciples de Locke (1). » Garât se pro-<br />

(1) Recueil des leçons de l'Ecole normale, 1 er volume page 7<br />

[323] pose de traiter des facultés de l'entendement, qu'il réduit, ainsi que Condillac, à la<br />

sensation transformée. Il s'élève fortement contre la supposition d'un sens moral. « Je<br />

prouverai, dit-il, que la douleur et le plaisir, qui nous apprennent à nous servir de nos sens et<br />

de nos facultés, nous apprennent encore à nous faire les notions du vice et de la vertu (1). » A<br />

propos de l'invention des langues, il blâme Rousseau d'avoir cru l'institution des langues<br />

impossible par l'homme. « Puisque tous les mots, avait dit Rousseau, sont établis par suite<br />

d'une convention, il paraît que l'usage de la parole a été une condition indispensable pour<br />

l'établissement de la parole. » Garat lui reproche aigrement et amèrement cette proposition ; il<br />

ne peut lui pardonner de rapporter l'enseignement de la parole à une révélation primitive; il lui<br />

reproche d'avoir recours au moyen favori des mauvais poètes, qui eût de faire descendre la<br />

Divinité sur la terre pour amener le dénouement du drame. Le professeur devait ensuite<br />

traiter, dans sa cinquième<br />

(1) Recueil des leçons de l’Ecole normale. 2 e ligne, page 25.<br />

décennies 1830_1839<br />

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