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Cyvard MARIETTE Louis-Claude Saint-MARTIN Les Décennies 19 ...

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Revue de Paris Page 316 1835<br />

TABLE DES MATIÈRES.<br />

Le Chandelier, proverbe, par M. Alfred de Musset, (Extrait de la Revue des Deux-Mondes.). 5<br />

La Samaritaine, par M. Rosseeuw S'.-Hilaire. 73<br />

Le nez rouge, par lord Feeling 105<br />

Bulletin littéraire 115<br />

La mise en scène depuis les Mystères jusqu'au Cid, par Emile Morice 147<br />

Vers au général Allard, par Méry 183<br />

<strong>Les</strong> vieilles lettres, par Philarète Chasles 188<br />

Histoire delà marine française, par Eugène Sue. 201<br />

Souvenirs de l'Ariége, par Frédéric Soulié 216<br />

<strong>Les</strong> prisonniers de Ham, par Antony Deschamps. 264<br />

L'émeute et les légitimistes. 266<br />

Le lys dans la vallée, par M. de Balzac. 275<br />

L’extrait habituel du lys dans la vallée de Balzac où lcsm est cité<br />

[315] Esterhazy, auxquels le voyageur demandait le pain que le gentilhomme n'aurait pas<br />

accepté du maître, et qu'il refusa maintes fois des mains ennemies de la France, je n'ai jamais<br />

senti dans mon cœur de fiel pour l'émigré, même quand je le vis ridicule dans le triomphe. <strong>Les</strong><br />

cheveux blancs de M. de Mortsauf m'avaient dit d'épouvantables douleurs, et je sympathise<br />

trop avec les exilés pour pouvoir les juger. La gaieté française et tourangelle succomba chez<br />

M. de Mortsauf, il devint morose, tomba malade, et fut soigné par charité dans je ne sais quel<br />

hospice allemand. Sa maladie était une inflammation du mésentère ; cas souvent mortel, mais<br />

dont la guérison entraîne des changements d'humeur, et cause presque toujours l'hypocondrie.<br />

Ses amours, ensevelis dans le plus profond de son âme, et que moi seul ai découverts, furent<br />

des amours de bas étage qui n'attaquèrent pas seulement sa vie, ils en ruinèrent l'avenir. Après<br />

douze ans de misères, il tourna les yeux vers la France où le décret de Napoléon lui permettait<br />

de rentrer. Quand en passant le Rhin, le piéton souffrant aperçut le clocher de Strasbourg par<br />

une belle soirée, il défaillit. — « La France ! la France ! » — Je criai : « voilà la France ! » me<br />

dit-il, comme un enfant crie: Ma mère ! quand il est blessé. Riche avant de naître, il se<br />

trouvait pauvre ; fait pour commander un régiment ou gouverner l'étal, il était sans autorité,<br />

sans avenir ; né sain et robuste, il revenait infirme et tout usé. Sans instruction au milieu d'un<br />

pays où les hommes et les choses avaient grandi, nécessairement sans influence possible, il se<br />

voyait dépouillé de tout, même de ses forces corporelles et morales. Son manque de fortune<br />

lui rendait son nom pesant. Ses opinions inébranlables, ses antécédents à l'armée de Condé,<br />

ses chagrins, ses souvenirs, sa santé perdue, lui donnaient une susceptibilité de nature à être<br />

peu ménagée en France, le pays des railleries. A demi mourant, il atteignit le Maine, ou par un<br />

hasard dû peut-être à la guerre civile, le gouvernement révolutionnaire avait oublié de faire<br />

vendre une ferme considérable en étendue, et que son fermier lui conservait en laissant croire<br />

qu'il en était propriétaire. Quand la famille de Lenoncourt, qui habitait Givry, château situé<br />

près de cette ferme, sut l'arrivée du comte de Mortsauf, le duc de Lenoncourt [316] alla lui<br />

proposer de demeurer à Givry, pendant le temps nécessaire pour arranger une habitation. La<br />

famille de Lenoncourt fut noblement généreuse envers M. de Mortsauf qui se répara là durant<br />

plusieurs mois de séjour, et fit des efforts pour cacher ses douleurs pendant cette première<br />

halte. <strong>Les</strong> Lenoncourt avaient perdu leurs immenses biens. Par le nom, M. de Mortsauf était<br />

un parti sortable pour leur fille. Loin de s'opposer à son mariage avec un homme âgé de<br />

trente-cinq ans, maladif et vieilli, mademoiselle de Lenoncourt en parut heureuse. Un mariage<br />

lui acquérait le droit de vivre avec sa tante, la marquise d'Uxelles, sœur du prince de Blamont-<br />

Chauvry, qui pour elle était une mère d'adoption. Amie intime de la duchesse de Bourbon,<br />

madame d'Uxelles faisait partie d'une société sainte dont l'âme était M. <strong>Saint</strong>-Martin, né en<br />

Touraine, et surnommé le Philosophe inconnu. <strong>Les</strong> disciples de ce philosophe pratiquaient les<br />

vertus conseillées par les hautes spéculations de l'illuminisme mystique. Cette doctrine donne<br />

décennies 1830_1839<br />

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