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Cyvard MARIETTE Louis-Claude Saint-MARTIN Les Décennies 19 ...

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orneraient pas leurs soins au gouvernement général de la société ; ils pourvoiraient à mille<br />

besoins que d’ordinaire ils négligent ; ils veilleraient à mille affaires qui leur échappent trop<br />

souvent ; en se montrant plus éclairés, ils deviendraient plus puissants, et leur sagesse serait le<br />

titre et la garantie de leur pouvoir.<br />

Telles sont quelques unes des idées extraites de l’ouvrage [230] que nous avons citées, et<br />

ramenées, non pas sans peine, du langage mystique qu’emploie l’auteur, au langage commun<br />

qui pourrait les rendre.<br />

Si on ne l’aperçoit bien nettement, on l’entrevoit du moins ; cette politique, a dans son<br />

mysticisme, une tendance au fond libérale ; elle est certainement philanthropique ; il ne<br />

faudrait, pour s’en convaincre, que lire un peu l’auteur, que faire connaissance avec lui, et<br />

apprécier les sentiments qui lui dictent ses écrits. Ce n’est comme pas M. de Maistre avec<br />

lequel il a quelque rapport de croyance et de système, au sujet du premier état, de la chute et<br />

de l’expiation. Tandis que celui-ci, avec son génie sévère, haut et implacable, ne tire de ces<br />

principes que de dures maximes d’état, <strong>Saint</strong>-Martin, avec son cœur si bienveillant et si<br />

tendre, n’aspire qu’à les tourner au bonheur de ses semblables ; il les tempère de toute son<br />

âme, les adoucit par pitié, y mêle une onction qui en corrige heureusement la terrible austérité.<br />

S’il a de l’analogie avec quelqu’un qui est aussi un peu de sa foi, c’est plutôt avec M.<br />

Ballanche : il a même affection, même charité, même sympathie pour le genre humain.<br />

Pour achever de donner une idée de l’espèce de philosophie qu’on trouve dans les ouvrages de<br />

<strong>Saint</strong>-Martin, nous rapporterons un morceau extrait d’article inséré dans les Archives<br />

littéraires 3 : cet article est d’un rédacteur qui parait avoir étudié avec attention les diverses<br />

productions du philosophe inconnu : « Son système permet d’expliquer tout par l’homme :<br />

l’homme, selon lui, est la clef de toute énigme l’image de toute vérité. Prenant ainsi à la lettre<br />

ce fameux oracle de Delphes, noce te ipsum, il soutient que, pour ne pas se méprendre sur<br />

l’harmonie de tous les êtres de l'univers, il suffit à l’homme de se bien connaître lui-même,<br />

parce que le corps de l’homme a un rapport nécessaire avec tout ce qui est visible, et que son<br />

esprit est le type de tout ce qui est invisible. Que l’homme étudie donc, et ses facultés [231]<br />

physiques dépendantes l'organisation son corps, et ses facultés intellectuelles, dont l’exercice<br />

est souvent influencé par les sens ou par les objets extérieurs, et ses facultés morales ou sa<br />

conscience, qui suppose en lui une volonté libre. C’est dans cette étude qu’il doit rechercher la<br />

vérité, et il trouvera en lui-même tous les moyens nécessaires pour y arriver : voilà ce que<br />

l’auteur appelle la révélation naturelle. Par exemple, la plus légère attention suffit, dit-il, pour<br />

nous apprendre que nous ne communiquons, et que nous ne formons même aucune idée<br />

qu’elle ne soit précédée d’un tableau ou d'une image engendrée par notre intelligence : c’est<br />

ainsi que nous créons le plan d’un édifice et d’un ouvrage quelconque. Notre faculté créatrice<br />

est vaste, active, inépuisable mais, en l’examinant de près, nous voyons qu’elle n’est que<br />

secondaire, temporelle, dépendante, c’est-à-dire qu’elle doit son origine à une faculté créatrice<br />

supérieure, indépendante, universelle, dont la notre n’est qu’une faible copie : l’homme est<br />

donc un type qui doit avoir son prototype, et ce prototype est Dieu. » Voilà pourquoi <strong>Saint</strong>-<br />

Martin dit quelque part que l’homme n’est qu’une pensée de Dieu, pensée qu’il peut laisser<br />

s’obscurcir et s’altérer, mais qu’il peut aussi ramener à la vérité et à la lumière en prenant soin<br />

de se purifier, et alors il connaît Dieu, qui est cette pensée même, il l’a et le sent en lui. Celui<br />

qui connaît Dieu, disent les philosophes indiens, devient Dieu lui-même ; selon <strong>Saint</strong>-Martin,<br />

il en devient au moins l’image, quand il s’est lavé de la corruption dont sa chute l’a souillé.<br />

On sait trop ce qu’il peut y avoir de faux et de vrai, ou plutôt d’ombre et de vérité dans les<br />

idées que nous venons de parcourir, pour qu’il soit nécessaire de le montrer expressément ; la<br />

manière seule dont elles ont été exposées en est une critique suffisante. Nous nous bornerons<br />

donc à remarquer que, sauf la forme et la couleur, rentrant dans celles de M. de Maistre, au<br />

3 En 1804 peu après la mort de <strong>Saint</strong>-Martin.<br />

décennies 1830_1839<br />

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