Cyvard MARIETTE Louis-Claude Saint-MARTIN Les Décennies 19 ...
Cyvard MARIETTE Louis-Claude Saint-MARTIN Les Décennies 19 ...
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obscurs : on peut dire de lui, avec plus de raison encore qu'on ne l'a dit de Kant, que,<br />
semblable à la colonne qui marchait en tête du peuple hébreu, dans son pèlerinage a travers le<br />
désert, nébuleuse pendant le jour et étincelante dans les ténèbres, il est embarrassé et diffus<br />
dans les choses faciles qu'on peut expliquer par des lieux communs, et admirablement lucide<br />
dans les choses difficiles et naturellement obscures.<br />
Sa vie présente peu d'événements remarquables ; il avait été amené, par des circonstances<br />
complètement étrangères à ses goûts et à ses opinions, à embrasser la carrière militaire. Il sut<br />
féconder l'oisiveté des garnisons par de nombreux et importants travaux littéraires. La<br />
connaissance qu'il prit d'une mauvaise traduction d'un des ouvrages de Boehm le remplit<br />
d'admiration pour le génie de ce théosophe, et lui fit sentir vivement l'assujettissement qui<br />
résultait des devoirs de sa profession.<br />
Il la quitta donc pour pouvoir visiter l'Allemagne, en apprendre la langue, peu répandue alors<br />
eu France, dans le but unique de traduire lui-même les ouvrages de Bœhme, ce qu'il a fait<br />
pour les plus remarquables d'entre eux. Il n'émigra point à l'époque de la révolution. La<br />
considération qu'il avait acquise par sa vie studieuse et simple le fit même porter comme<br />
candidat sur la liste, présentée par l'Assemblée constituante, des noms parmi lesquels le<br />
pouvoir exécutif avait à choisir le gouverneur du dauphin. A l'exemple de Rousseau, qui<br />
refusa l'éducation du prince de Parme 13 , <strong>Saint</strong>-Martin crut devoir se soustraire à une mission<br />
dont il n'attendait pas de bien possible. Il mourut en 1804, à la maison de campagne du<br />
sénateur Lenoir Laroche, son ami. Il avait blâmé le mode de conversion de La Harpe, et,<br />
fidèle à ses principes, il ne voulut à ses derniers moments le secours d'aucun ministre officiel<br />
de la religion. L'établissement d'une église externe, le métier de prêtre, la transmission d'un<br />
pou-[437] voir spirituel quelconque, à tout autre titre que celui de la sainteté, toutes ces choses<br />
résultant d'idées qu'il n'avait jamais pu admettre, lui apparaissaient comme la tentative d'une<br />
domination directement opposée a l'esprit chrétien. <strong>Les</strong> ouvrages propres à <strong>Saint</strong>-Martin sont :<br />
l’homme de désir, le Nouvel Homme, le Ministère de l'Homme-Esprit, le Crocodile, sorte de<br />
poème emblématique, dans la manière de Rabelais, écrivain dont <strong>Saint</strong>-Martin faisait le plus<br />
grand cas ; l'Esprit des choses, le Tableau naturel, et une brochure sur la révolution française.<br />
Ph. HAUGER.<br />
Affichage du livre entier<br />
13 L’éducation du prince de Parme, où comment la philosophie, la raison et la science conduisent au<br />
rétablissement de l’inquisition par celui qu’elles sont censées avoir « éduqué » !<br />
décennies 1830_1839<br />
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