exclusive et défectueuse. Et, pour cela, il n'eut qu'à appeler l’attention sur cette foule de faits internes dont, à chaque instant, nous avons sans organes, sans moyen physique de perception, une connaissance tout aussi certaine et tout aussi claire que celle que nous devons à la sensation et à ses instruments. Mais ce n'était pas assez que le système fût jugé sous le point de vue métaphysique, il fallait qu'il le fût aussi sous le point de vue pratique. Quel en était le principe sous ce rapport ? Si la sensation est tout l'homme, la seule chose que l'homme ait à faire est de céder à la sensation, car c'est là sa nature. Or, que veut la sensation ? le plaisir par instinct, l'utilité par calcul, le bien-être dans tous les cas. Et où voit-elle ce bien-être ? dans la matière apparemment, puisqu'elle ne conçoit pas d'autre objet: c'est donc aux jouissances physiques qu'elle réduit tout le bonheur ; et comme un tel bonheur ne peut être qu'à la condition de l'exercice facile et continu des sens, veiller à ce que le corps ne s'altère ni ne se détruise, telle est la loi suprême, la grande loi de la vie. Si Condillac ne le dit pas, Volney le dit pour lui ; et il ne le dit qu'en raisonnant d'après le maître dont il suit les idées. Le Catéchisme du citoyen n'est en effet que le commentaire moral du Traité des Sensations. Et il ne faudrait pas objecter que le matérialisme d'un de ces ouvrages et le spiritualisme de l'autre empêchent qu'il n'y ait entre eux le rapport que nous supposons. Cette différence n'y fait rien : car, si Condillac est spiritualiste, il l'est de telle manière, qu'il autorise, disons plus qu'il force l'application pratique que nous venons d'indiquer de sa théorie. Qu'importe l'âme, en effet, si elle n'a de faculté que pour la matière ? Qu’importe l'esprit s'il se réduit à la sensation ? En est-il moins vrai que dans cette hypothèse la destination de l'homme est de sentir, de ne sentir que les choses matérielles, et d'y chercher toute sa félicité. Le spiritualisme ne sert donc de rien dans cette question. C'est une pensée à part, une spéculation sans conséquence, qui, adoptée ou rejetée, n'en laisse pas moins la logique aller son train et déduire avec rigueur du sensualisme métaphysique le sensualisme moral, qui y est contenu ; et il n'y a pas d'injus[335]tice à accuser, je ne dis pas Condillac, mais sa doctrine, d'avoir fait la philosophie d'une morale qui, certainement, a des effets fâcheux. S'il n'a pas voulu cette morale, il l'a pensée ; s'il ne l'a pas avouée comme conséquence, il en a posé le principe ; et il ne peut être à l'abri de reproche d'un côté, que pour être accusé de l'autre de n'avoir pas assez prévu toutes les suites de son système. Nous ne reproduirons pas les arguments par lesquels M. Royer-Collard porta coup à cette morale ; nous avons .essayé, de le faire en examinant le, Catéchisme de Volney. Mais nous, rappellerons l'effet que produisait sur son auditoire cette parole grave, puissante, pleine d'émotion et de sérieux, avec laquelle il flétrissait les principes qu'il réfutait. Il imposait aux intelligences qui ne se rendaient pas ou qui ne comprenaient pas ; il captivait les autres ; il les élevait, les fortifiait, les remplissait de sagesse et de raison ; il eut du rôle de Socrate auprès de la jeunesse qui l'écoutait. Mais en même temps qu'il éprouva sévèrement les fâcheuses maximes d'un égoïsme étroit, il n'accorda pas plus de faveur à cette morale sentimentale ou mystique, qui peut bien être une religion de cœur, mais qui n'est pas une conviction de l'esprit. Il s'écarta également de l'école sensualiste et de l'école rêveuse ; et sur les pas des sages écossais il chercha le fondement du devoir dans une connaissance, exacte de la nature humaine. Au lieu de déduire les règles de la vie d'une mesquine ou vague idée du bien, il les tira d'une philosophie à la fois positive et large ; il les traça pleines de sens, d'élévation et de vérité. Le temps et la nature même de l'enseignement dont il était chargé ne lui permirent pas d'exposer toute sa pensée sur ce sujet. Mais, chaque fois qu’il y toucha, ce ne fut jamais sans en faire sortir ces leçons de sagesse et d'honneur moral que plus tard il reproduisait à la tribune avec tant d éloquence et d'autorité. Aussi ce ne fut pas en vain qu'il jeta dans les âmes ces excellentes impressions : elles gagnèrent, se répandirent, passèrent dans le public; et grâce à lui, grâce à ceux qui travaillèrent avec lui dans le même sens, quand il eut à parler, non plus devant des disciples, décennies 1830_1839 18
mais devant des concitoyens, devant le pays, il trouva de toute part des cœurs qui [336] l'entendirent, des hommes de son école, des partisans de ses disciples. … ... <strong>Saint</strong>-Martin. Pas trace du mot ! Page 443 Table des matières <strong>Saint</strong>-Martin. Page 222 Affichage du livre entier décennies 1830_1839 <strong>19</strong>
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Lamartine, elles l'ont plus ému da
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autant de révélations. La réputa
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ces idoles pouvaient y pénétrer :
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cependant à savoir si celle qui l'
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