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Cyvard MARIETTE Louis-Claude Saint-MARTIN Les Décennies 19 ...

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philosophie allemande moderne, et dans celle de M. Fourier. Ce principe est la base de la<br />

philosophie, delà religion et de la science sociale. Nul ne peut le méconnaître dans la formule<br />

des destinées proportionnelles aux attractions, qui est la clé de voûte de la théorie sociétaire.<br />

Ce principe, en effet, ne fût-ce qu'à cause de sa fixité et de sa permanence, implique<br />

nécessairement l'aveu de la supériorité de l'être passionnel sur l'être intelligent. Si M. Fourier<br />

a tant déclamé contre la raison et les philosophes, c'est qu'il ignorait les deux espèces de<br />

raison et les deux es-[4<strong>19</strong>]pèces de philosophie que les mystiques ont distinguées avec tant de<br />

netteté et de soin. Il ne s'est pas douté que cette méthode psychologique, pour laquelle il<br />

exprime en mille endroits de ses écrits une si juste et si profonde aversion, avait conduit<br />

pourtant des hommes tels que Kant, Fichte, Schelling, Jacobi, etc., a reconnaître que leur vie<br />

entière s'était épuisée en de vaines recherches ; il ne s'est pas douté que, selon l'éloquente<br />

expression de madame de Staël, la philosophie, magicienne irritée, après avoir tout détruit,<br />

avait incendié son propre palais, c'est-à-dire qu'examinant avec curiosité son propre<br />

instrument, l'appareil des formes de l'entendement, elle l'avait reconnu et déclaré inhabile a lui<br />

livrer autre chose que l'apparence, la vérité purement subjective et relative du phénomène,<br />

sans valeur dans les applications qu'on en pouvait tenter hors du domaine étroit de<br />

l'expérience sensible. Par conséquent force était à la philosophie de s'adresser à une faculté<br />

plus puissante, à une plus haute raison, prenant son point de départ, ou la première hypothèse<br />

nécessaire à toutes ses recherches, dans le principe attractionnel.<br />

Elle est donc enfin posée, comme inébranlable base h toutes les constructions scientifiques de<br />

l'avenir, cette affirmation arbitraire au point de vue logique, mais toutefois nécessaire et<br />

sublime, que la valeur de tous les faits sociaux, moraux, religieux, physiques et<br />

physiologiques même est déterminée, comme bonne ou mauvaise, par leur conformité ou leur<br />

opposition avec le génie de l’humanité, ses désirs, ses besoins, ses tendances natives, son<br />

attrait indestructible, et qu'il doit y avoir unité, plan général subordonné à l'homme, ainsi<br />

science synthétique de Dieu, de l'homme et de la nature. Il faudrait faire une telle science, si<br />

elle n'était pas faite ; maison en retrouvera partout les traces. <strong>Les</strong> illusions même en ce genre<br />

vaudraient mieux que les connaissances arides et fragmentaires qui nous sont données par la<br />

simple méthode analytique, parce que ces illusions correspondraient du moins à ce qu'il y a de<br />

plus vivace et de plus actif dans [420] l'homme ; elles satisferaient, par exemple, son génie<br />

poétique et religieux en vertu de quoi il veut impérieusement que tout lui soit subordonné, et<br />

la conscience de sa dignité, qui lui crie que le vrai ne pouvant être que la forme de son bien, le<br />

point de vue des causes efficientes, recherché en dehors du lien téléologique qui unit toutes<br />

choses, ne peut constituer qu'une science puérile et menteuse, sans valeur, parce qu'elle est<br />

sans grandeur, sans rapport avec nos plus immenses, nos plus pressants et nos plus<br />

impérissables besoins. L'humanité protesterait donc nécessairement, éternellement contre<br />

cette science brisée, ces disjecta membra, qui ne lui livrent le dernier mot de rien, si<br />

prétendant, comme elle l'a fait pendant trois siècles, constituer autre chose qu'une simple<br />

nomenclature, une pure description des phénomènes, une démonstration qui n'atteint que<br />

l'écorce des êtres, elle osait se produire comme le dernier terme de la connaissance permise et<br />

promise a l'homme ; laissant ainsi le roi de la création dans l'affreux désert de toutes ses<br />

espérances déçues, sous le coup d'un martyre incessant, dans l'attente continuellement<br />

trompée d'un bonheur qu'elle lui rendrait impossible, puisqu'elle ne lui fournit aucun idéal de<br />

ce bonheur, et aucun moyen d'y parvenir. Assez et trop longtemps nous nous sommes laissés<br />

diriger par l'idolâtrie de la raison logique, principe qui commence par anéantir l'être sublime<br />

qui, en nous, est la mesure et la clef de toutes choses (***) principe funeste qui nous impose<br />

pour devoir la prétendue observation impossible des faits, comme si nous n'en étions pas<br />

nous-mêmes le sens et le lien ; comme si nous ne portions pas en nous cette vie qu'on nous dit<br />

d'aller puiser au dehors ; comme si nos opinions étaient jamais autre chose que le masque de<br />

nos affections ; comme si l'homme sans désir, ne serait point par là même sans intelligence ;<br />

décennies 1830_1839<br />

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