été du côté de ceux-ci, la vérité du côté du Paganisme. Depuis l'établissement de la religion chrétienne, le dogme de la divinité de Jésus-Christ n'est vrai qu'en deçà du détroit des Dardanelles, il est faux et idolâtre au-delà. La vérité est bornée par les mers, les fleuves et les montagnes; un méridien, comme l'a dit Pascal, en décide. Il y a autant de vérités que d'opinions publiques; bien plus, si, dans chaque peuple, et sous le même méridien, [94] l'opinion publique change, la vérité, compagne docile, change avec elle. Et toutes ces vérités, contradictoires entre elles, sont la vérité au même titre, la vérité immuable, absolue On ne saurait pousser plus loin le mépris de la vérité. » Cette absurde prétention, qu'ils prêtent au siècle, ils la consacrent par un principe dont ils font la base de la philosophie. « Le principe général de certitude dans l'ordre de la vie humaine, disent-ils, est le consentement actuel manifesté par la tradition actuelle de l'humanité (1) 22 ». Qui ne reconnaît là le principe de l'autorité, prôné au XVIIe siècle par Huet, évêque d'Avranches, dans son Traité de la faiblesse de l'esprit humain, remis au jour par M. de Bonald, et tant exalté par M. de Lamennais. Auteurs de l’Encyclopédie nouvelle, on ne devrait guère s'attendre à vous voir puiser à une telle source. Mais enfin, puisque vous y empruntez ce principe fondamental, pourquoi le mutilez-vous ? Il est facile de pénétrer vos motifs. Ce long consentement de l'humanité sur la chute primitive, qui soulève tous les âges contre votre doctrine d'hier, vous épouvante et vous accable; vous voudriez le retrancher des éléments de la certitude : abolissez donc sa colossale autorité dans la conscience du genre humain. Hommes à doctrine d'un jour! [95] songez-vous qu'en le tronquant ainsi, ce principe devient encore plus erroné qu'il ne l'était dans sa source, et que sa fausseté ressort davantage ? Si le système de M. de Lamennais détruit la vérité par rapport à l'homme, puisque l'homme ne la connaît que par sa raison individuelle, et ne peut la dire sienne qu'autant qu'elle y réside; du moins il ne la détruit pas en elle-même, puisque, exigeant l'unanimité des temps et des pays, comme marque de la vérité, il lui laisse le triple caractère de généralité, d'unité, d'immutabilité, qui lui est propre ; et par là ce système a un côté spécieux, capable d'en imposer. Or, c'est ce côté que vous lui enlevez. Enfermant la certitude dans l'opinion d'un jour et d'un lieu, vous rendez la vérité changeante, circonscrite, fugitive, et l'anéantissez non plus seulement par rapporta l'homme, mais en elle-même. Spectacle curieux et instructif! tandis que des hommes qui veulent renverser le Christianisme, pour lui substituer la philosophie, qu'ils appellent la religion de l'avenir, annulent la philosophie, en lui faisant déclarer que la raison, ou comme ils parlent, la raison individuelle, est incapable par elle-même d'arriver à la vérité, un évêque(1) 23 établit, et exhausse la philosophie, en maintenant contre elle, et au nom du Christianisme la faculté et le droit [96] qu'a la raison d'acquérir la vérité. Il plaide si bien sa cause, qu'il la fait triompher dans l'esprit même du prêtre de talent et de conscience qu'avait égaré le Kantisme, et l'amène à renoncer un système qui, comme on sait, abaisse la raison à l'impuissance d'atteindre les vérités religieuses de l'ordre naturel, et de se prouver celles de l'ordre surnaturel, système qui au surplus n'est que le sensualisme déguisé, puisqu'il ne reconnaît de vérités que celles qu'on peut vérifier par l'expérience. … Affichage du livre entier 22 (1) Revue Encycl., t. LX, p. 58. 23 (1) Lettre pastorale de M. de Tréversn, évêque de Strasbourg, au sujet de l’enseignement de M. Bautin. décennies 1830_1839 128
Histoire philosophique, politique et critique du christianisme et des ... Page 315 de <strong>Louis</strong> Joseph Antoine de Potter 1837 CHAPITRE IV. <strong>Les</strong> martinistes. — La soeur de la Nativité. — Amour qu'elle inspire. — Ses visions. — Ses prédictions. — Société des victimes. — Jung Stilling. — <strong>Les</strong> peschélites. — Madame Krudner. — Ses publications. — Ses relations avec l'empereur Alexandre. A la fin du dix-huitième siècle, Martinez Paschalis et, après lui, <strong>Saint</strong>-Martin fondèrent une secte de théosophes ou martinistes, espèce de fous, qui ne savent pas encore assez bien ce qu'ils sont eux-mêmes pour que nous cherchions à le savoir, Martinez disserte sur ce qu'était l'homme avant d'exister, aussi sérieusement et aussi savamment que bien d'autres ont disserté sur ce qu'il sera lorsqu'il n'existera plus. <strong>Saint</strong>-Martin se déclara surtout l'ennemi des philosophes qui ne s'occupent ordinairement de l'homme que pendant qu'il existe : il soutint que les déistes, par exemple, s'ils étaient réunis, s'entredévoreraient comme des araignées; c'est ce que Pie VI avait dit avant lui, en parlant de l'assemblée des constituants français, qui, cependant, n'était pas toute composée de déistes. Nous jugerons plus charitablement des théosophes : seulement nous nous permettrons de croire qu'une société de ces mystiques ne serait pas fondée sur des principes bien cohérents et bien solides. … Affichage du livre entier décennies 1830_1839 129
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