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Cyvard MARIETTE Louis-Claude Saint-MARTIN Les Décennies 19 ...

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et de Bacon ? Non, non sans doute. Et pour me servir encore des paroles de ce saint Jean,<br />

précurseur de l'âge futur, qui, s'il n'a rien pu établir, a du moins tout pressenti : La Providence<br />

n'efface que pour écrire à nouveau. Or, qu'a-t-elle effacé de notre temps ? Quel est le résultat<br />

de tout le mouvement philosophique et politique de notre époque ? Dans la science,<br />

l'annihilation de l'esprit scholastique qui procède par voie de syllogisme et d'analyse<br />

seulement, et dans l'ordre politique et religieux, l'annihilation du libéralisme et du<br />

protestantisme, en tant que doctrines critiques. Doctrines dominées par un esprit de défiance<br />

purement défensif, qui leur fait nier, a l'une, la nécessité d'une providence sociale, et à l'autre,<br />

celle d'une croyance unitaire imposée aux masses, pour s'absorber dans la préoccupation des<br />

intérêts individuels qu'elles réduisent a une désespérante nullité, et qu'elles tuent en les isolant<br />

(2) 9 .<br />

[411] Celte importante prévision de de Maistre, que les grandes découvertes qui signaleront<br />

notre dix-neuvième siècle seront dues a l'emploi de la méthode hardie et aventureuse de<br />

l'hypothèse, et non pas à celle plus timide, plus défiante et plus laborieuse de l’analyse et de la<br />

démonstration scholastiques, est justifiée à la fois, et par la direction actuelle des travaux<br />

philosophiques de 1’Allemagne, et par l'application faite à l'industrie de la sublime hypothèse<br />

des destinées proportionnelles aux attractions.<br />

Notre revue cherche à placer la société française à ce point de vue transcendantal où l'on<br />

comprend, — comment d'une part l'appareil logique qui constitue l'entendement ne fournit à<br />

la philosophie que la forme de la connaissance, et sera éternellement impuissant a en légitimer<br />

didactiquement le fonds, donné à l'homme dans l'intuition de la raison pure ; — et comment,<br />

d'autre part, les passions, principe actif et recteur, se débattront contre tout pouvoir restrictif,<br />

aussi longtemps que la conscience n'apura pas obtenu la formule absolue du bien, a savoir<br />

l'équation du bonheur et de la vertu. Parvenu à ce terme, on est dans la meilleure disposition<br />

possible pour s'enquérir de la vérité en dehors de toutes les formes convenues, on ne connaît<br />

plus de grande route qu'elle soit tenue de prendre, d'uniforme obligé dont elle doive se revêtir,<br />

pour avoir droit a l'examen ; on peut alors, libre de tout préjugé, s'occuper avec fruit des<br />

écoles mystiques ou excentriques.<br />

Ces écoles ont cru pouvoir s'emparer sans effort des sources du bien et du vrai, et y puiser<br />

toute connaissance, dans une intuition qui se pose, qui se sert de preuve à elle-même, et se<br />

légitime eu coordonnant une multitude de faits par voie de ralliement au centre ou foyer<br />

qu'elles ont choisi. Ce foyer est toujours une hypothèse logiquement arbitraire, mais [412]<br />

d'autant plus voisine de la vérité qu'elle est moins laborieuse et plus attrayante, d'autant plus<br />

certaine qu'elle est moins démontrable au point de vue scholastique, d'autant plus puissante<br />

qu'elle satisfait davantage aux inspirations les plus compréhensives de l'âme. La base fixe<br />

donnée à la science par la philosophie mystique, que nous appellerions plus volontiers la<br />

théosophie, c'est l'utile et le beau, c'est-à-dire une vue téléologique, dont nous affirmons la<br />

vérité par cela seul que nous ne pouvons nous empêcher de la désirer, puisqu' étant donnée,<br />

celte vérité, elle satisferait a nos tendances instinctives, et expliquerait tout en reliant<br />

l'homme, l'univers et Dieu.<br />

La synthèse du savoir et de l'être, de l'humanité et de la nature, tant cherchée dans les écoles<br />

philosophiques modernes, est le point de départ des mystiques ; elle est toujours supposée<br />

dans leurs écrits, elle doit être considérée comme l'idéal de la science et son critérium<br />

9 (2) II ne peut entrer dans notre intention de nier la haute valeur do protestantisme cl du libéralisme comme<br />

protestations contre l'unité catholique et féodale, qui ne se relèvera jamais des coups qu'ils lui ont porté. Cette<br />

unité peu compréhensive, laissant hors de sa sphère un grand nombre d'intérêts, et d'ailleurs plus externe<br />

qu'interne, doit faire place à une unité plus large, plus intime et plus forte, que signalera sans doute notre siècle.<br />

Le protestantisme et le libéralisme seront jugés alors n'avoir été qu'une anarchie transitoire nécessaire entre ces<br />

deux systématisations<br />

décennies 1830_1839<br />

33

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