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Cyvard MARIETTE Louis-Claude Saint-MARTIN Les Décennies 19 ...

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enveloppe femelle, il pouvait engendrer lui-même en son prototype divin ; mais ayant péché<br />

et mangé du fruit défendu, Dieu lui envoya le sommeil et tira la femme de son côté. » Nous ne<br />

ferons point de réflexions sur ces idées bizarres, que la duchesse n'entendait peut-être pas bien<br />

elle-même, et nous finirons par des citations d'un autre genre.<br />

Dans des Fragments sur la morale chrétienne, au tome 1er, l'auteur dit : « Née dans l'opulence<br />

et la grandeur, la révolution m'ayant offert les moyens de m'abaisser, je les ai saisis avec<br />

empressement en femme chrétienne. Jésus-Christ ayant dit anathème aux riches, j'ai joui de<br />

me voir enlever ce qui pouvait m'éloigner du centre de la vie. » La princesse voudrait que<br />

toutes les professions fussent également honorées, que l'on n'admît d'autre distinction que<br />

celle des vertus et des talents, que l'on abolît la peine de mort. Elle se déclare pour le<br />

gouvernement de fait. « Ces maximes, dit-elle encore dans ses Fragments, furent la règle<br />

invariable de mes sentiments et de ma conduite. Placée dans le monde par ma naissance pour<br />

commander, et par mon sexe pour obéir, libre alors de suivre ma volonté, j'ai cru devoir rester<br />

dans ma patrie et me soumettre aux puissances diverses qui ont paru successivement sur la<br />

scène, sans cherchera examiner si le gouvernement était juste et leurs lois bonnes. Il me suffit<br />

que Dieu permette qu'ils possèdent l'autorité pour la respecter, car Jésus-Christ n'a point<br />

spécifié qu'il fallait se soumettre aux puissants légitimes, mais seulement aux puissances. » La<br />

princesse se trouvait à Barcelone lorsque les armées françaises envahirent l'Espagne en 1809 ;<br />

on assure qu'elle n'eut point à se plaindre des procédés des généraux français. Elle rentra en<br />

France en 1814 et on lui [373] rendit ses biens. Elle profita de son opulence pour encourager<br />

un grand nombre de bonnes œuvres. Il est certain qu'elle donnait beaucoup. Elle paraissait<br />

souvent aux assemblées de charité et on ne l'implorait point en vain pour les malheureux. Elle<br />

établit dans son hôtel même, rue de Varennes, un hospice qui fut nommé hospice d'Enghien,<br />

en mémoire de son fils si indignement assassiné en 1804; elle y mit des Sœurs de la charité.<br />

L'hospice a depuis été transféré à Picpus, où il est plus commodément. Le 10 janvier 1822, la<br />

duchesse étant allée à <strong>Saint</strong>e- Geneviève pour prier pendant l'octave, fut frappée d'apoplexie<br />

en entrant dans l'Eglise; elle tomba sur le pavé et fut transportée à l'école de droit où elle<br />

expira quelques instants après. Son corps fut depuis porté à Dreux et inhumé dans le caveau<br />

destiné à la maison d'Orléans.<br />

L'auteur auquel nous avons emprunté les extraits des écrits de la princesse, M. Grégoire<br />

s'exprime ainsi dans son Histoire des sectes : Hâtons-nous de dire cependant, sur des<br />

témoignages irrécusables, que, dans les derniers temps de sa vie, son cœur et son esprit étaient<br />

complètement soumis à la morale évangélique et au joug de la foi. Nous aurions voulu<br />

pouvoir confirmer un fait si consolant et nous avons consulté des personnes qui avaient eu des<br />

relations étroites avec la princesse. Leur témoignage irrécusable nous a convaincus que ses<br />

jugements et ses dispositions n'avoient pas changé depuis 1812. Elle faisait un amalgame des<br />

vérités de la foi et de ses opinions particulières; tantôt catholique, tantôt protestante, tantôt<br />

inclinant pour le quakerisme. Elle ne parlait jamais en public contre la religion, mais dans ses<br />

entretiens, surtout avec des ecclésiastiques, elle ne manquait guère de mettre la conversation<br />

là-dessus et de leur proposer ses objections. Elle lisait beaucoup saint Paul, qu'elle expliquait<br />

à sa manière. Des ecclésiastiques distingués essayèrent plusieurs fois de l'éclairer et de la<br />

toucher ; sa bonté et sa charité leur donnaient l'espérance d'y parvenir, mais elle leur échappait<br />

bientôt par la singularité et par le désordre de ses idées. Il en est un, homme singulièrement<br />

estimable et aussi sage que pieux, qu'elle pria de la confesser ; mais elle ne voulut point sans<br />

doute se soumettre à ce que par préliminaire il exigeait d'elle, et elle se retira. On ne peut que;<br />

déplorer qu'elle ait persévéré dans un système et dans des illusions dont l'âge, la réflexion et<br />

les conseils auraient dû la désabuser. Puisse Dieu l'avoir éclairée à ses derniers moments !<br />

Prions-le, pour elle, comme autrefois saint François pour Henri IV, son aïeul, et demandonslui<br />

de faire miséricorde pour celle qui la fit à tant de malheureux ! »<br />

décennies 1830_1839<br />

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