Cyvard MARIETTE Louis-Claude Saint-MARTIN Les Décennies 19 ...
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« Quelque effort que l'on fasse, il faut en revenir par reconnaître que la religion est le véritable<br />
fondement de la morale. C'est l'objet sensible et réel au dedans de nous qui seul peut<br />
détourner nos regards des objets extérieurs. » Un philosophe spiritualiste, moins connu qu'il<br />
ne mériterait de l'être (1) 14 , a, ce semble, jeté à son tour de [140] grandes lumières sur ces<br />
hautes questions qui intéressent si vivement l'ordre social. »<br />
« Il y a des êtres, dit-il, qui ne sont qu'intelligents ; il y en a qui ne sont que sensibles.<br />
L'homme est à la fois l'un et l'autre : voilà le mot de l'énigme. Ces différentes classes ont<br />
chacune un principe d'action différent. L'homme seul les réunit tous les deux, et quiconque<br />
voudra ne les pas confondre sera sûr de trouver la solution de toutes les difficultés. »<br />
« Depuis la dégradation primitive, l'homme s'est trouvé revêtu d'une enveloppe corruptible,<br />
parce qu'étant composée, elle est sujette aux différentes actions du sensible qui n'opère que<br />
sensiblement, et qui, par conséquent, se détruisent les unes les autres. Mais, par cet<br />
assujettissement au sensible, il n'a point perdu sa qualité d'être intelligent ; en sorte qu'il est à<br />
la fois grand et petit, mortel et immortel. Toujours libre dans l'intellectuel, mais lié dans le<br />
corporel par des circonstances indépendantes de sa volonté, en un mot, étant un assemblage<br />
de deux natures diamétralement opposées, il en démontre alternativement les effets d'une<br />
manière si distincte, qu'il est impossible de s'y tromper. Si l'homme actuel n'avait que des<br />
sens, ainsi que des systèmes humains le voudraient établir, on verrait toujours le même<br />
14 (1) S. Martin, auteur des Erreurs et de la Vérité, ou les hommes rappelés au principe<br />
universel de la science, par un philosophe inconnu ; de l’Ecce homo; du Tableau naturel des<br />
rapports qui existent entre Dieu, l'homme et l'univers ; de l'Homme de désir, etc.<br />
S. Martin pensait que les hommes sont naturellement bons ; mais il entendait, par la nature,<br />
celle qu'ils avaient originairement perdue, et qu'ils pouvaient recouvrer par leur bonne<br />
volonté; car il les jugeait, dans le monde, plutôt entraînés par l'habitude vicieuse que par la<br />
méchanceté.<br />
Ce philosophe reconnut les desseins terribles de la Providence dans la révolution française, et<br />
crut voir un grand instrument temporel dans l'homme qui vint plus tard la comprimer. Il prit la<br />
défense de la cause, du sens moral contre Garat, professeur de la doctrine du sens physique,<br />
on de l'analyse de l'entendement humain. Son but était d'expliquer la nature par l'homme, et de<br />
ramener toutes nos connaissances au principe dont l'esprit humain peut être le centre. « La<br />
nature actuelle, dit-il, déchue et divisée d'avec elle-même, et d'avec l'homme, conserve dans<br />
ses lois comme dans plusieurs de ses facultés, une disposition à rentrer dans l'unité originelle.<br />
Par ce double rapport, la nature se met en harmonie avec l'homme, de même que la nature se<br />
coordonne à son principe. » Il pensait qu'il y a une raison à tout ce qui existe, et que l'œil<br />
interne de l'observateur en est le juge ; il considérait l'homme comme ayant en lui un miroir<br />
vivant qui lui réfléchit tous les objets, et qui le porte à tout voir et a tout connaître. Mais ce<br />
miroir vivant étant lui-même un reflet de la Divinité, c'est par cette lumière que l’homme<br />
acquiert des idées saines, el découvre l’éternelle lumière dont parle Jacob Bœhm.<br />
L'objet de son ouvrage intitulé Ecce homo, est de montrer à quel degré d'abaissement l'homme<br />
infirme est déchu. On y trouve cette belle expression : « l'âme de l'homme est primitivement<br />
une pensée de Dieu. »<br />
décennies 1830_1839<br />
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