Cyvard MARIETTE Louis-Claude Saint-MARTIN Les Décennies 19 ...
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près évidemment du seul examen des faits, que l'ordre des Templiers a été comme le pont sur<br />
lequel tout cet ensemble de mystères a passé en occident, [363] du moins quant à leur forme,<br />
qui continue aujourd'hui d'être la même qu'alors.<br />
Ce n'est que parles traditions sur Salomon et sur son temple, auxquelles se rattache<br />
l'institution même de l'ordre, qu'on peut expliquer les symboles religieux de la maçonnerie,<br />
quoiqu'on en trouve aussi des motifs dans quelques autres passages et parties de l'écriture et<br />
de l'histoire sainte : aussi peuvent-ils très bien être entendus dans un sens parfaitement<br />
chrétien, et en retrouve-t-on des traces dans plusieurs monuments gothiques de l'ancienne<br />
architecture germanique du moyen-âge. Cependant une association spirituelle, fondée sur<br />
l'esprit ésotérique, ne saurait avoir professé le christianisme dans toute sa pureté ; elle n'a pu<br />
du moins rester entièrement Chrétienne, puisque, répandue chez les chrétiens, elle se retrouve<br />
aussi chez les Mahométans.<br />
Il y a plus : l'idée même d'une pareille société, d’une pareille doctrine purement ésotérique, et<br />
de sa propagation secrète, n'est guère compatible avec le christianisme ; car le christianisme<br />
est déjà en soi un mystère divin; mais un mystère qui, d'après les vues de son fondateur, est<br />
exposé à tous les yeux, et célébré quotidiennement sur tous les autels. Or à cause de cela<br />
même, le secret qui dans les mystères païens, subsistait à côté de la mythologie et de la<br />
religion [364] nationale et populaire, et n'était le partage que des savants et des initiés, ce<br />
secret, dis-je, ne peut s'allier avec une révélation destinée à tous les hommes, puisque, par sa<br />
nature, elle le condamne et le repousse.<br />
Ce serait toujours une Église dans l'Église ; et elle ne peut pas être plus autorisée ou tolérée<br />
qu'un État dans l'État. Ajoutons que dans un siècle où les intérêts temporels et les vues<br />
politiques prévaudraient d'une manière ouverte ou cachée sur les sentiments et les idées<br />
religieuses, un tel établissement parasite et mystérieux ne manquerait pas de devenir bientôt<br />
un directoire occulte de tous les mouvements, de tous les changements intérieurs de l'Etat,<br />
C'est ce qui est effectivement arrivé.<br />
L'esprit antichrétien, que l’illuminisme, cette opposition régularisée, enveloppe dans des<br />
sentences d'une philanthropie universelle, pourrait bien être, selon toute analogie historique,<br />
d'une date assez moderne; tandis que le principe chrétien, qui même encore de nos jours,<br />
après une lutte si étonnamment diverse entre les partis de cette secte, se maintient toujours,<br />
quoique chez une très faible minorité, dérive peut-être, conformément à l'origine qu'elle<br />
revendique, d'une source orientale et gnostique.<br />
Quant à la grandeur, ou du moins à l'importance de son influence politique, comment la [365]<br />
nier ; surtout depuis les violentes révolutions de nos jours qui, de notre Europe, se sont ruées<br />
sur les autres parties du monde ; et en apprenant que dans une contrée méridionale de<br />
l'hémisphère américain, les deux partis qui figuraient dans la révolution de cet état, dont les<br />
troubles durent encore, s'appellent des noms d'Ecossais et de Yorkais, d'après l'opposition qui<br />
existe dans les loges anglaises ? Est-il quelqu'un qui ignore, ou qui ait oublié avec quelle<br />
adresse l'homme qui dans ces derniers temps régnait sur le monde, se servit dans tous les pays<br />
conquis, de ce véhicule, et l'employa comme un organe propre à fourvoyer et à nourrir de<br />
fausses espérances, l'opinion publique ? C'est pour cela qu'il fut appelé par ses partisans<br />
l'homme du siècle, et qu'il fut du moins, en effet, le serviteur de l'esprit du siècle.<br />
Une société du sein de laquelle, comme du laboratoire où le génie destructeur du siècle<br />
forgeait ses armes, sortirent successivement les illuminés, les Jacobins et les Carbonari, ne<br />
pouvait avoir une tendance vraiment chrétienne, ni être politiquement juste, ni exercer une<br />
action bienfaisante sur l'humanité en général. Je dois cependant observer ici que c'est le sort<br />
inévitable de la plus vieille des sociétés secrètes, que chaque nouvelle conspiration aime à<br />
revêtir ses formes vénérables, déjà connues des initiés, [366] Il ne faut pas non plus oublier<br />
que cet ordre est partout divisé en une foule de partis, de sectes, qui ont des opinions, dés<br />
façons de penser diverses ; de sorte qu'on ne doit pas croire que ces extrémités terribles, que<br />
décennies 1830_1839<br />
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