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Cyvard MARIETTE Louis-Claude Saint-MARTIN Les Décennies 19 ...

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1837<br />

Arthur Page 102 de Ulric Guttinguer 1837 426 pages<br />

… [100] … La femme du fermier passa en ce moment, et s'arrêtant : « Pardon, monsieur; je<br />

crois que ma fille a laissé dans cette chambre mon Imitation de Jésus-Christ : oui, la voilà près<br />

de cette cheminée. » Effectivement, j'aperçus un vieux livre bien propre encore, avec de<br />

nombreux [101] signets... J'avançai la main pour le prendre et le donner. « Si monsieur veut le<br />

lire, dit la fermière en regardant mes yeux qui étaient humides c'est bien consolant! quand j'ai<br />

perdu ma fille aînée et mon frère curé, j'ai trouvé là ce qu'il me fallait pour ne pas mourir...<br />

peut-être que monsieur... » Et ses regards m'interrogèrent.<br />

La pensée de cette fille aînée et de ce frère morts me brisa le cœur de tristesse et de honte.<br />

Qu'avais -je dans mes chagrins, a opposer à ces irréparables pertes ? ... les angoisses d'un<br />

indigne amour... Je regardai ce livre qui guérissait de si grandes afflictions. « Voulez-vous me<br />

le laisser? dis-je. — Oh! bien volontiers.» Et, seul, j'ouvris au hasard : j'y tombai d'abord sur<br />

ces paroles : « C'est un bien, Seigneur, que vous m'ayiez humilié afin que je m'instruise de<br />

votre justice. »<br />

La soirée de la veille se présenta m moi plus vivement, et je restai longtemps en méditation<br />

sur le sens profond que renfermaient ces deux lignes.<br />

Oui, c'est un bien, me répétais- je. Je n'aurais [103] pas su, sans cette humiliation, toute la<br />

misère des choses de ce monde et de ses distractions ; je n'aurais pas su que ce n'est pas la<br />

société qui peut nous consoler.<br />

Je continuai, je lus quelques chapitres; qui me rappelèrent un mot charmant du philosophe<br />

inconnu : « De tout ce que j'ai rencontré en ce monde, je n'ai trouvé que Dieu qui eût de<br />

l'esprit. » J'allai moi-même remercier la bonne fermière du bonheur qu'elle m'avait donné. Il<br />

est certain que ce que j'avais senti pénétrer dans mon cœur à cette courte lecture faite au<br />

matin, à l'odeur de ces plantes saines, en présence de ces arbres de la ferme, me semblait tenir<br />

du prodige.<br />

Mon cheval était prêt, je le poussai à toute bride hors des avenues du château ; il me tardait de<br />

sortir de son atmosphère ; arrivé au chemin du village, je me crus délivré, et je rentrai dans la<br />

ville au pas lent des coursiers d'Hippolyte.<br />

Page 379 …<br />

VII.<br />

Je n'ai garde de t'oublier dans ce livre, ô toi que je regarde comme le plus beau de main<br />

d'homme qui nous ait été accordé.<br />

<strong>Saint</strong> livre de l’Imitation, paraphrase divine du divin Evangile, encore si remplie de tendresse<br />

et de clarté ! tout a été dit sur toi. C'est mon souvenir seul que je te veux donner, livre audessus<br />

de toute louange humaine, livre mystérieux, [376] ouvrage des anges et des saints,<br />

tombé du ciel, et trouvé, sans doute, sous quelque arbre en fleurs à la clarté des étoiles.<br />

Je t'ai lu après beaucoup d’autres, et tu as tout résumé en mon âme, tout complété, tout<br />

agrandi, tout expliqué : les mystères, la morale, la philosophie, la sagesse, tout ce qu'il y a de<br />

noble, de tendre, de profond, de divin dans notre nature, dans son état d'expiation et<br />

décennies 1830_1839<br />

118

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