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Cyvard MARIETTE Louis-Claude Saint-MARTIN Les Décennies 19 ...

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pour se remettre en évidence et attirer l'attention des autres sur des ouvrages déjà loin de lui. Il<br />

persévéra dans ses habitudes solitaires, dans les travaux parfois fastidieux imposés à son<br />

honorable pauvreté. Il s'ensevelit sous la religion du silence, à l'exemple des gymnosophistes<br />

et de Pythagore; il médita dans le mystère, et s'attacha par principes à demeurer inconnu,<br />

comme avait fait l'excellent <strong>Saint</strong>-Martin. « <strong>Les</strong> prétentions des moralistes, comme celles des<br />

théosophes, dit-il en tête des Libres Méditations, ont quelque chose de silencieux; c'est une<br />

réserve conforme, peut-être, à la dignité du sujet. » Désabusé des succès bruyants, réfugié en<br />

une région inaltérable dont l'atmosphère tranquillise, il s'est convaincu que cette gloire qu'il<br />

n'avait [502] pas eue ne le satisferait pas s'il la possédait, et s'il n'avait travaillé qu'en vue de<br />

l'obtenir. « Car, remarque-t-il, la gloire obtenue passe »; en quelque sorte derrière nous, et n'a<br />

plus d’éclat; nous en aimions surtout ce qu'elle offrait dans l'avenir, ce que nous ne pouvions<br />

connaître que sous un point de vue favorable aux illusions. » II n'est pas étonnant qu'avec<br />

cette manière de penser le nom de M. de Sénancour soit resté à l'écart dans cette cohue<br />

journalière de candidatures à la gloire, et que, n'ayant pas revendiqué son indemnité<br />

d'écrivain, personne n'ait songé à la lui faire compter. Il eut pourtant, du milieu de l'oubli qu'il<br />

cultive, le pouvoir d'exciter ça et là quelques admirations vives, secrètes, isolées, dont<br />

plusieurs sont venues vibrer jusqu'à lui, mais dont le plus grand nombre, sans doute, ne se<br />

sont jamais révélées à leur auteur. Nodier, avons-nous dit, le connut et le comprit dès<br />

l'origine; Ballanche, qui, parti d'une philosophie tout opposée, a tant de conformités morales<br />

avec lui, l'apprécie dignement. Il y a quelques années, une petite société philosophique, dont<br />

MM. Victor Cousin, J.-J. Ampère, Stapfer, Sau-[503] telet, faisaient partie, et qui, durant le<br />

silence public de l'éloquent professeur, se nourrissait de sérieuses discussions familières, en<br />

vit naître de très-passionnées au sujet d’Oberman, qui était tombé entre les mains de l'un des<br />

jeunes métaphysiciens. Oberman, en effet, quand on le lit à un certain âge et dans une certaine<br />

disposition d'âme, doit provoquer un enthousiasme du genre de celui que Young, Ossian et<br />

Werther inspirèrent en leur temps. Beaucoup d'hommes du Nord (car Oberman a un sentiment<br />

admirable de la nature, de celle du Nord en particulier) ont répondu avec transport à la lecture<br />

du livre de M. de Sénancour; Oberman vit dans les Alpes, et la nature alpestre, comme l'a dit<br />

M. Ampère, est en relief ce qu'est la nature de Norwége en développement. L'auteur de cet<br />

article a rencontré pour la première fois les deux volumes d'Oberman à une époque où il<br />

achevait lui-même d'écrire un ouvrage de rêverie individuelle qui rentre dans l'inspiration<br />

générale de son aîné; il ne saurait rendre quelle étonnante impression il en reçut, et combien<br />

furent senties son émotion, sa reconnaissance envers le devancier obscur qui avait…<br />

Page 569<br />

L'ABBÉ de LA MENNAIS.<br />

[533] « Vous êtes à l'âge où l'on se décide; plus tard on subit le joug de la destinée qu'on s'est<br />

faite, on gémit dans le tombeau qu'on s'est creusé, sans pouvoir en soulever la pierre. Ce qui<br />

s'use le plus vite en nous, c'est la volonté. Sachez donc vouloir une fois, vouloir fortement;<br />

fixez votre vie flottante et ne la laissez plus emporter à tous les souffles comme le brin d'herbe<br />

séchée. » Ce conseil donné quelque part à une âme malade par le prêtre illustre dont nous<br />

avons a nous occuper pourrait s'adresser à presque toutes les âmes en ce siècle<br />

(…)<br />

[568] Vers le même temps où l'esprit de M. de La Mennais acceptait si largement l'union du<br />

catholicisme avec l'état par la liberté, il tendait aussi à se déployer dans l'ordre de science et à<br />

le remettre en harmonie avec la foi. Pendant les intervalles de la controverse vigoureuse à<br />

laquelle on l'aurait cru tout employé, serein et libre, retiré de ce monde politique actif où le<br />

Conservateur l'avait vu un instant mêlé et d'où tant d'intrigues hideuses l'avaient fait fuir,<br />

décennies 1830_1839<br />

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