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Cyvard MARIETTE Louis-Claude Saint-MARTIN Les Décennies 19 ...

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théologiens, des déistes ou des athées, même quant ils concluraient tous qu'il faut<br />

nécessairement qu'il existe une cause première éternelle de laquelle tout soit provenu. En<br />

effet, quel Dieu est celui-là, dont l'existence n'est prouvée que parce qu'il existe quelque<br />

chose, et que conséquemment il faut qu'il ait toujours existé quelque chose d'éternel et<br />

d'infini, qui ait eu le pouvoir de produire tout ce qui est venu en être ? Quel Dieu, dis-je, est<br />

celui-là que l'arien, le déiste et l'athée sont autant disposés à reconnaître que le chrétien, et qui<br />

sert également de base a l'édifice des uns et des autres ? car l'athée même admet une cause<br />

première, éternelle, toute-puissante, aussi bien que ceux qui disputent en faveur de l'existence<br />

d'un Dieu.<br />

» Mais si, laissant de côté toutes ces vaines discussions et démonstrations de la raison<br />

humaine, vous rentrez au dedans de vous, à l'instant vous y trouverez une démonstration<br />

sensible et évidente par elle-même de l'existence du véritable Dieu de vie, de lumière, d'amour<br />

et de bonté, qui vous le rendra aussi manifeste que votre propre vie. En effet, l'existence réelle<br />

des sentiments de bonté, d'amour, de bienveillance, de douceur, de compassion, de sagesse, de<br />

paix, de joie, etc., ne vous est-elle pas démontrée d'une manière aussi certaine et aussi<br />

évidente que celle de votre propre vie ? Eh bien, l'être qui est la source, le principe et le centre<br />

de ces sentiments, c'est la le véritable Dieu évident par lui-même, et qui a voulu se révéler de<br />

telle manière que chaque homme le trouvât, le connût et le sentît aussi évidemment et aussi<br />

réellement qu'il sent et connaît ses propres pensées et sa propre vie ; c'est la ce Dieu dont l'être<br />

et la providence se font sentir en nous d'une manière si évidente, qui demande de notre part<br />

culte, amour, adoration et obéissance. Or, l'adorer l'aimer, tâcher de devenir bon, comme lui,<br />

c'est véritablement croire en lui, d'après l'évidence qu'il nous donne de [424] la réalité de son<br />

existence. L'athée ne rejette point une cause première et toute-puissante, il ne fait que nier la<br />

bonté, la bienveillance, la douceur, etc., et tous les sentiments par lesquels la nature divine se<br />

rend évidente en nous, et s'y manifeste comme le véritable objet de notre culte, de notre<br />

amour et de notre adoration. Ce n'est donc qu'en ayant recours à cette démonstration<br />

d'évidence que nous trouvons en nous, que nous pouvons arriver à la seule vraie connaissance<br />

de Dieu et de la nature divine, et cette connaissance est à l'épreuve de toutes les objections de<br />

la raison, puisqu'elle est aussi évidente en nous que notre propre vie. Jamais on ne parviendra<br />

à connaître Dieu, en réalité, par aucune preuve extérieure, ni par autre chose que par Dieu luimême,<br />

manifesté en évidence au dedans de nous. Ni le ciel, ni l'enfer, ni l'esprit pervers, ni le<br />

monde, ni la chair ne peuvent nous être connus, qu'autant qu'ils se manifestent en nous ; et la<br />

connaissance que nous en acquérons, indépendamment de cette évidence sensible qui résulte<br />

de leur naissance et de leur manifestation en nous, ressemble nécessairement celle qu'un<br />

aveugle-né prétendrait avoir de la lumière qu'il n'a jamais vue.<br />

» C'est ainsi que tout homme, par la nature de son être, naît, pour ainsi dire, a la certitude<br />

évidente et sensible de la réalité de toutes ces choses ; et si, a force de raisonner et de disputer,<br />

nous parvenons à en douter, c'est nous-mêmes qui créons notre incertitude, et elle ne vient<br />

point de Dieu ni de la nature. Dieu a ordonné toutes choses avec tant de sagesse, que les<br />

vérités qui sont pour nous de la plus grande importance, sont celles qui nous sont démontrées<br />

avec le plus de facilité et de certitude, puisque nous pouvons les connaître avec le même degré<br />

d'évidence, que nous connaissons, que nous souffrons, ou que nous avons du plaisir. Rien ne<br />

peut nous faire en réalité du bien ou du mal, que ce qui a pris naissance en nous. Aussi la<br />

religion n'est véritable pour nous, qu'autant qu'elle est devenue en nous principe de vie. Mais<br />

[425] dès que l'esprit et la vie de Dieu sont ainsi devenus vivants en nous, et qu'ils sont<br />

conséquemment évidents par eux-mêmes en nous, dès lors nous sommes dans la vérité ; cette<br />

vérité nous affranchit de tout doute, et nous n'avons pas plus d'égards à tout ce qu'une raison<br />

disputeuse peut opposer à notre croyance, qu'à ce qu'elle dirait contre l'évidence de ce que<br />

nous voyons, de ce que nous entendons, et du sentiment que nous avons de notre propre vie.<br />

décennies 1830_1839<br />

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