Cyvard MARIETTE Louis-Claude Saint-MARTIN Les Décennies 19 ...
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jamais ne retiendra son essence intérieure et sa [376] vertu vivifiante. Mais quels que soient à<br />
tout moment les objets successifs de son idolâtrie du jour ou de sa rhétorique passionnée, dans<br />
sa nature et dans son être propre, il reste toujours le même ; il est toujours absolu ; toujours il<br />
tue l'esprit et détruit la vie.<br />
Dans la science, l'absolu est la divinité des systèmes rationnels, vains et vides ; c'est une<br />
conception morale ; une abstraction qu'ils reconnaissent et adorent. Or le Dieu des chrétiens<br />
est un Dieu vivant, qui se révèle, et leur foi est cette révélation même; et c'est pourquoi le<br />
divin, dans quelque sphère que ce soit, dérivé de cette source, de cette origine commune, est<br />
vivant et positif.<br />
Le combat de la vérité contre les erreurs de l'esprit du siècle ne peut conséquemment avoir<br />
d'issue heureuse et durable, qu'autant que le positif divin, à quelque domaine qu'il<br />
appartienne, soit d'une part compris comme vivant, exposé avec toute la force de la vie<br />
spirituelle; et de l'autre, soit parfaitement approfondi dans ses rapports avec l'histoire, dont il<br />
ne faut d'ailleurs ni négliger ni injustement apprécier les autres côtés réels, les autres éléments<br />
positifs.<br />
Ce jugement calme, cet approfondissement sincère tant des faits matériels que des<br />
phénomènes intellectuels, sont les compagnons inséparables de la vérité, et l'indispensable<br />
condition de sa connaissance pleine et entière ; et l'esprit [388] religieux, base de toute vérité,<br />
nécessaire à sa connaissance, se sent naturellement porté à suivre d'un œil attentif, à travers ce<br />
labyrinthe de l'erreur, le fil de la permission et de la providence divine, au milieu même des<br />
plus grandes aberrations humaines; soit dans la science, soit dans la pratique et la vie. L'erreur<br />
au contraire s'écarte partout de l'histoire ; presque toujours l'esprit du siècle est passionné, et<br />
c'est pourquoi l'un et l'autre pèchent contre la vérité.<br />
Aussi quand on veut combattre l'erreur dans le domaine de la science on no peut jamais le<br />
faire avec plus de succès, ni en triompher plus vite qu'en séparant, d'après la règle divine de la<br />
connaissance intérieure, dans chaque système d'erreur pratique ou scientifique, l'absolu, qui en<br />
fait la base, le centre ou le but, en deux éléments qui le composent toujours, le vrai et le faux.<br />
A-t-on reconnu et distingué le vrai d'une hypothèse, le reste, vide en soi, tombe de lui-même,<br />
sans qu'on ait beaucoup de peine et sans qu'on soit obligé de faire de grands efforts, et de<br />
perdre beaucoup de temps à en prouver la nullité.<br />
Dans la vie réelle, la lutte cesse bientôt d'être purement spirituelle, les partis inquiets et agités<br />
ont recours à la force matérielle ; et plus ils deviennent absolus, plus la guerre qu'ils se font<br />
ressemble à la guerre des éléments qui se détruisent ; [378] et de là naît l'obstacle le plus<br />
fâcheux à l'œuvre de la restauration religieuse et véritable, cette grande tâche imposée à nos<br />
temps ; mais qui est loin d'être accomplie.<br />
C'est sous ce rapport qu'on peut voir avec peine et comme un phénomène dangereux, dans<br />
certaines régions de la vie européenne, et même dans quelques pays entiers, tous les partis et<br />
toutes les affaires publiques, prendre un caractère absolu. Il s'entend de soi-même que ce n'est<br />
pas le nom qui fait la chose ; et que les autres partis sont souvent bien plus absolus en réalité,<br />
que ceux qui se donnent ou auxquels on donne cette dénomination ; selon ce qui est ordinaire<br />
aux époques d'une lutte violente des partis, que les appellations commencent à être le fruit<br />
d'un caprice souvent étrange, qu'elles, prêtent à des bévues et à des méprises; qu'alors on<br />
brouille toutes les idées, et qu'il s'introduit une nouvelle confusion babylonienne dans les<br />
langues et même dans celles qui se distinguaient auparavant par leur clarté et leur précision.<br />
L'attachement inébranlable à son opinion, une façon de penser conséquente, la fermeté dans le<br />
caractère, la persévérance dogmatiquement exprimée en une croyance positive ; qualités qui<br />
recommandent le plus l'homme pendant toute sa vie et dans toutes ses actions, peuvent fort<br />
bien se concilier avec une appréciation des choses fondées …<br />
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décennies 1830_1839<br />
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