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Cyvard MARIETTE Louis-Claude Saint-MARTIN Les Décennies 19 ...

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Économie politique chrétienne, ou Recherches sur la nature et les causes du ... Page 60 de<br />

Alban Villeneuve-Bargemont 1837<br />

… [60] « Un abîme sépare ceux qui se conduisent par le calcul, de ceux qui sont guidés par le<br />

sentiment. »<br />

« Quand on veut s'en tenir aux intérêts, aux convenances, aux lois du monde, le génie, la<br />

sensibilité, l'enthousiasme agitent péniblement notre âme. »<br />

« Ce n'est pas assurément pour les avantages de cette vie, pour assurer quelques jouissances<br />

de plus à quelques jours d'existence, et retarder un peu la mort de quelques moments, que la<br />

conscience et la religion nous ont été données. C'est pour que les créatures en possession du<br />

libre arbitre choisissent ce qui est juste, en sacrifiant ce qui est probable, préfèrent l'avenir au<br />

présent, l'invisible au visible, et la dignité de l'espèce humaine à la conservation même des<br />

individus.<br />

« La morale fondée sur l'intérêt serait aussi évidente qu'une vérité mathématique, qu'elle<br />

n'exercerait pas plus d'empire sur les passions qui foulent aux pieds tous les calculs. Il n'y a<br />

qu'un sentiment qui puisse juger d'un sentiment. Quand l'homme se plaît à dégrader la nature<br />

humaine, qui donc en profitera ?<br />

« Quelque effort que l'on fasse, il faut en revenir par reconnaître que la religion est le véritable<br />

fondement de la morale. C'est l'objet sensible et réel au dedans de nous qui seul peut<br />

détourner nos regards des objets extérieurs. »<br />

Un philosophe spiritualiste, moins connu qu'il ne mériterait de l'être (2), a, ce semble, jeté à<br />

son tour de grandes lumières sur ces hautes questions qui intéressent si vivement l’ordre<br />

social.<br />

« II y a des êtres, dit-il, qui ne sont qu'intelligents; il y en a qui ne sont que sensibles.<br />

L'homme est à la fois l'un et l’autre : voilà le mot de l'énigme. Ces différentes classes ont<br />

chacune un principe d'action différent. L'homme seul les réunit tous les deux, et quiconque<br />

voudra ne les pas confondre sera sur de trouver la solution de toutes les difficultés.<br />

« Depuis la dégradation primitive, l'homme s'est trouvé revêtu d'une enveloppe corruptible,<br />

parce qu'étant composée, elle est sujette aux différentes actions du sensible qui n'opèrent que<br />

sensiblement, et qui, par conséquent, se détruisent les unes les autres. Mais, par cet<br />

assujettissement au sensible, il n'a point perdu sa qualité d'être intelligent; en sorte qu'il est à<br />

la fois grand et petit, mortel et immortel. Toujours libre dans l'intellectuel, mais lié dans le<br />

corporel par des circonstances indépendantes de sa volonté, en un mot, étant un assemblage<br />

de deux natures diamétralement opposées, il en démontre alternativement les effets d'une<br />

manière si distincte, qu'il est impossible de s'y tromper. Si l'homme actuel n'avait que des<br />

sens, ainsi que des systèmes humains le voudraient établir, on verrait toujours le même<br />

caractère dans toutes ses actions, et ce serait celui des sens, c'est-à-dire qu'à l'égal de la bête,<br />

toutes les fois qu'il serait excité par ses besoins corporels, il tendrait avec effort à les<br />

satisfaire, sans jamais résister à aucune de leurs impulsions, si ce n'est pour céder à une<br />

impulsion plus forte provenant d'une source analogue.<br />

« Pourquoi donc l'homme peut-il s'écarter de la loi des sens ? Pourquoi peut-il se refuser à ce<br />

qu'ils lui demandent ? Pourquoi, pressé par la faim, est- il néanmoins le maître de refuser les<br />

mets les plus exquis qu'on lui présente ? de se laisser tourmenter, dévorer, anéantir même par<br />

le besoin, et cela, à la vue de ce qui serait le plus propre à le calmer ? Pourquoi, dis-je, y a-t-il<br />

dans l'homme une volonté qu'il peut mettre en opposition avec nos sens, s'il n'y a pas en lui<br />

plus d'un être ? Et deux actions si contraires peuvent-elles tenir à la même source ?<br />

« En vain on m'objecterait à présent que quand la volonté agit ainsi, c'est qu'elle est<br />

déterminée par quelque motif. J'ai assez fait entendre, en parlant de liberté, que la volonté de<br />

l'homme, étant cause elle-même, devait avoir le privilège de se déterminer seule et sans motif,<br />

autrement elle ne devrait pas prendre le nom de volonté. Mais en supposant que, dans le cas<br />

décennies 1830_1839<br />

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