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Cyvard MARIETTE Louis-Claude Saint-MARTIN Les Décennies 19 ...

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Essai sur l'histoire de la philosophie en France au dix-neuvième<br />

Page 222<br />

Article<br />

<strong>Saint</strong>-<strong>MARTIN</strong>.<br />

(Philosophe inconnu)<br />

Né en 1743, et mort en 1803.<br />

[222] Voici un nom que nous avions omis dans notre première édition ; nous croyons<br />

aujourd’hui devoir le rétablir, afin de rendre plus complet l’examen auquel nous nous livrons.<br />

Il est au reste difficile en parlant de <strong>Saint</strong>-Martin de le rattacher avec analogie à l’une ou<br />

l’autre des écoles dont il est question dans cet Essai : c’est à peine un philosophe, ce n’est<br />

surtout pas un philosophe d’une école ou même d’une secte ; il y a quelque chose en lui de<br />

singulier, de retiré, de bizarre qui l’isole, et le sépare de tous ; s’il appartient à quelque centre<br />

c’est plutôt à une initiation, une société secrète de métaphysique, qu’à une philosophie<br />

publique, Rien de moins patent, rien de moins avoué que le système dont on peut suivre de<br />

loin en loin la trace cachée dans ses ouvrages. Néanmoins quand à travers le mysticisme, et le<br />

secret volontaire dont il enveloppe sa pensée, on parvient à la saisir et à la réduire en<br />

abstraction, on reconnaît que la doctrine dont elle parait s’éloigner le moins est celle de<br />

l’école théologique. Voilà pourquoi nous le plaçons à la suite des écrivains que nous classons<br />

dans cette école. Il n’est pas un d’entre eux, ce n’est ni un catholique, ni même précisément<br />

un chrétien, dans le sens vulgaire du mot, mais il a des dogmes communs avec les chrétiens et<br />

les catholiques. Peut-être que si l’on remontait loin dans le passé, et qu’on recherchât dans<br />

toute sa suite la tradition d’idées dont il est l’interprète, on trouverait qu’il se [223] rattache à<br />

une de ces religions philosophiques qui, préparées et venues en même temps que le<br />

christianisme, sans se confondre avec lui, eurent pourtant de son esprit, et en ont retenu,<br />

jusqu’à nos jours, quelques traits et quelques principes. Peut-être arriverait-on au gnosticisme,<br />

ou à quelque doctrine du même genre, dont l’histoire montrerait la transmission et la<br />

perpétuité. Quoi qu’il en soit, <strong>Saint</strong>-Martin n’a certainement nulle part ailleurs une place plus<br />

convenable qu’a côté des théologiens. 1<br />

1<br />

Voici comment M. de Maistre s’explique sur les Illuminés en général, et sur <strong>Saint</strong>-Martin en particulier ; il peut<br />

être curieux de voir ce qu’il en pense.<br />

« En premier lieu, je ne dis pas que tout illuminé soit franc-maçon ; je dis seulement que ceux que j’ai connus, en<br />

France surtout, l’étaient ; leur dogme fondamental est que le christianisme, tel que nous le connaissons<br />

aujourd’hui, n’est qu’une véritable loge bleue faite pour le vulgaire ; mais qu’il dépend de l’homme de désir de<br />

s’élever de grade en grade jusqu’aux connaissances sublimes, telles que les possédaient les premiers chrétiens,<br />

qui étaient de véritables initiés. C’est ce que certains Allemands ont appelé le christianisme transcendantal.<br />

Cette doctrine est un mélange de platonisme, d’origénianisme, et de philosophie hermétique sur une base<br />

chrétienne.<br />

» <strong>Les</strong> connaissances surnaturelles sont le grand but de leurs travaux et de leurs espérances ; ils ne doutent point<br />

qu’il ne soit possible à l’homme de se mettre en communication avec le monde spirituel, d’avoir un commerce<br />

avec les esprits, et de découvrir ainsi les plus rares mystères.<br />

» Leur coutume invariable, est de donner des noms extraordinaires aux choses les plus connues sous des noms<br />

consacrés : ainsi, un homme pour eux est un mineur, et sa naissance, une émancipation. Le péché originel<br />

s’appelle le crime primitif, les actes de la puissance divine ou de ses agents dans l’univers s’appellent des<br />

bénédictions, et les peines infligées aux coupables, des pâtiments. Souvent je les ai tenus en pâtiment lorsqu’il<br />

m’arrivait de leur soutenir que tout ce qu’ils disaient de vrai n’était que le catéchisme couvert de mots étranges.<br />

» J’ai eu l’occasion de me convaincre, il y a plus de trente ans, dans une grande ville de France, qu’une certaine<br />

classe de ces illuminés avait des grades supérieurs inconnus aux initiés admis à leurs assemblées ordinaires ;<br />

qu'ils avaient même un culte et des prêtres qu’ils nommaient du nom hébreu Cohen.<br />

» Ce n’est pas, au reste, qu’il ne puisse y avoir et qu’il n’y ait réellement dans leurs ouvrages des choses vraies,<br />

raisonnables et touchantes, mais qui sont trop rachetées par ce qu’ils ont mêlé de faux et de dangereux, surtout à<br />

cause de leur aversion pour toute autorité et hiérarchie sacerdotales. Ce caractère est général parmi eux : jamais<br />

je n’y ai rencontré d’exception parfaite parmi les nombreux adeptes que j'ai connus.<br />

» Le plus instruit, le plus sage et le plus élégant des théosophes modernes, <strong>Saint</strong>-Martin, dont les ouvrages furent<br />

décennies 1830_1839<br />

11

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