Traduction d'Alphonse Fresse-Montval - Notes du mont Royal

LA THEOGONIE. 105
A porter, sur sa tête et sur ses mains, les Cieux.
Par d'infrangibles nœuds Jupiter environne
570 Et fixe Prométhée au fût d'une coloune, .
Où sa fureur suscite un aigle que rrpaît,
De son foie immortel, cet enfant de Japet,
Car la nuit de retour restitue à ce foie
La part que l'aigle prend dans le jour pour sa proie ;
575 Mais Hercule bientôt immole sous ses coups
Cet instrument ailé du céleste courroux ;
Et, du 61s de Japet, le vaillant fils d'AIcmène
A fini le supplice et délié la chaîne.
Le puissant Jupiter ne s'en offense pas,
580 Car il veut de son fils rendre illustre le bras,
Pour qu'au-dessus des noms dont l'éclat nous étonne
De l'Hercule Thébain le nom plane et rayonne.
En l'honneur de son fils il calma la fureur
Par l'adroit Prométhée inspirée à son cœur,
585 Tandis que, entre les Dieux et les races mortelles,
Dans Mécone éclataient de sanglantes querelles.
Prométhée, immolant un bœuf qu'il dépeça,
Pour tromper Jupiter, devant lui le plaça,
Mit d'un côté les chairs, les intestins, la graisse,
590 Dans le cuir de ce bœuf cachés avec adresse ;
Et, de l'autre côté, dépouillés de leurs chairs,
Tous les os, mais de graisse habilement couverts :
« Monarque redouté dont Japet est le père, »
Lui dit le souverain du Ciel et de la Terre,
595 « Pourquoi dans ton partage autant d'iniquité?»
Ainsi parla ce Dieu, dont la sagacité
Gourmande par ces mots la fourbe qu'il devine;
Mais l'adroit Proméihée à le tromper s'obstine,
lit dit, en souriant, au monarque des Dieux :