Traduction d'Alphonse Fresse-Montval - Notes du mont Royal

LES TRAVAUX ET LES JOURS. «5
Et malheur, quand le char, dans sa route lancé,
Sous sou fardeau se rompt, et tombe fracassé !
543 Sois humble dans tes vœux; mais que ta main saisisse
D'un utile a-propos le volage caprice.
L'Hymen doit à ses nœuds l'asservir, mais il faut
Les former à trente ans, ni plus tard , ni plus tût;
Que l'épouse, à ton cœur, par l'amour désignée,
530 Soit vierge, et touche à peine à sa quinzième année ;
Prends-la chez tes voisins, et que ses mœurs, jamais,
D'un sarcasme moqueur ne provoquent les traits,
Car, si nul bien n'égale une épouse fidèle,
C'est le plus grand des maux quand elle est criminelle,
533 Et que, par ses plaisirs, son époux désolé ,
Avant le temps vieillit, de douleurs accablé.
Soumis aux Immortels, redoute leur colère ;
Que jamais ton ami ne s'égale à ton frère ;
Que pourtant l'amitié te soit chère, et toujours
560 Aux lois de la franchise asservis tes discours;
Si jamais l'amitié gémit de tes outrages,
Envers elle redouble et de vœux et d'hommages ;
Mais souffre que l'ami dont l'erreur t'a blessé,
Obtienne son pardon de (ou cœur offensé ;
563 Le malheur, quelquefois, nous pousse à l'inconstance ;
Que ton âme avec soin cache ce qu'elle en pense !
N'entoure ton foyer que d'hôtes peu nombreux;
Que le vice ait ta haine, et la vertu tes vœux.
Rougis de reprocher au pauvre sa misère ;
570 La misère est du ciel envoyée à la terre.
Sois sobre de discours afin de prospérer,
Et que de bienveillance on aime à t'entouier;
La médisance perd tout mortel qu'elle inspire,
Fuis-la. Dans les festins porte un heureux sourire,
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