Traduction d'Alphonse Fresse-Montval - Notes du mont Royal

46 BIOGRAPHIE D'HÉSIODE.
Du côté de ses commentateurs, Hésiode n'a guère été
plus heureux, bien que plusieurs hommes cinincnts aient
entrepris de nous expliquer ses idées. Ce n'étaient point, en
effet, des écrivains sans valeur intellectuelle que Zenon, le
fondateur du Portique; Proclus, l'une des gloires de l'école
d'Alexandrie; Tzetzès, Grœvius, Lcclerc, Zamagna,
Robinsnn, etc. Mais ces érudits, préoccupés, les uns des
doctrines d'une secte particulière, le; autres, des hypothèses
scientifiques qui, de leur temps, tyrannisaient toutes les
intelligences, ont plutôt cherché dans notre poêle ce qu'ils
voulaient y voir que ce qu'il y avait réellement; et Hésiode
est sorti de leurs mains avec un vêtement et des idées qui
l'auraient rendu méconnaissable à ses propres yeux, s'il
était revenu dans ce monde pour savoir, vingt-huit siècles
après sa mort, quelle éiait enfin sa destinée.
Un de nos écrivains les plus infatigables, tout à la fois
remarquable poète et érudit consciencieux, M. Bignan, dans
une traduction en prose d'Hésiode, a essayé quelques ingénieux
rapprochements entre lesdociriues de ce poète et
celles qui sont consignées dans les poèmes rosmogoniques
de l'Inde. Il est à regretter, premièrement, qu'il n'ait
effleuré que la surface d'un aussi riche sujet, et, en second
lieu, qu'il n'ait point utilisé, au profit de notre poète,
les connaissances abondantes et variées qu'il s'est acquises
sur les mœurs de l'Hellade par son commerce habituel avec
Homère.
Enfin deux illustres érudits, MM. Guigniaud et Ottfried
Millier, ont travaillé sur Hé-iode, l'un en nous interprétant
ce que Creuzer en avait pensé et en développant dans un
opuscule à part les idées qui lui sont personnelles, l'autre
dans son Histoire de la littérature grecque, récemment traduite
dans notre langue. L'appréciation de ces divers Ira-