Traduction d'Alphonse Fresse-Montval - Notes du mont Royal

BIOGRAPHIE D'HÉSIODE. 15
Ton génie, Hésiode, est tonjours le flambeau
De l'humaine sagesse.
Les deux autres cciivains semblent n'avoir rien changé à
la rigueur de leur premier jugement; grands hommes qui
repoussent et condamnent un grand homme. leur frète,
parce qu'il ne porte point le même co?tu:ne qu'eux, parce
qu'il ne parle point le même idiome, et que le même co:é
du ciel ne leur verse pas à tous sa lumière.
Heureux cependant Hésiode, s'il n'eût j.imais en à se
défendre que contre des critiques aussi rigoureux; l'excès
même de leur sévérité est un préservatifeontre leur injustice.
Mais ce qu'il y a de plus terrible pour l'écrivain, ce qui le
frappe bien plus mortellement que l'acrimonie la plus sarcasti|ue,
c'est la demi-approbation qui a l'air de lui faire
grâce eu le découronnant de son auréole; c'est la médiocrité
imposée à celui qui, à la tête de tout un ordre d'idées,
a donné à son pays nue vaste et magnifique impulsion. Citerons-nous
Denys d'Halic.irnasse et Vclléius Patemilus,
admirateur consciencieux du rhyihmc et de la versification
par lesquels Hésiode, disaient-ils, prenait plaisir à leur
chatouiller l'oreille; braves gens qui n'apercevaient dans le
poète divin que ce qui élait à la portée de leur intelligence
formaliste et routinière ? Rappellerons-nous (pie Quintiiien,
du haut de sa chaire magistrale, veut bien décerner
à Hésiode le sceptre du style tempéré? Que dirons-nous
de La Harpe, qui ue trouve à admirer, dans tout ce qu'a fait
notre poète, que le Combat des Dieux contre les Titans, de
Jupiter contre ïyphéc , et la description de l'hiver,* mais
qui, du reste, prosterne la Tlicoconic aux pieds des Métamorphoses
d'Ovide, c'est-à-dire du poème le plus inintelligent
qui ait défiguré l'antiquité ?