Traduction d'Alphonse Fresse-Montval - Notes du mont Royal

NOTES DE LA THÉOGONIE 141
' J'ai vu, sur des rocs solitaires,
Bacchus enseigner ses mystères,
Croyez-moi, siècles à venir!
J'ai vu, près de ce Dieu les Nymphes empressées,
Et Satyres en foule à sa voix accourir
Les oreilles dressées!
(Horace liv. Il, ode xvi. Traduct. d'Alpli.
Fresse-Montval.)
VERS 27.
« Paires au cœur abject et de vice infecté,
» Vous donnez à l'erreur l'air de la vérîlé;
» L'erreur que no» discours jamais ne proclamèrent. » '
Le sens que nous donnons ici à ce passage de la Théogonie,
diffère, nous le savons, de celui qui, jusqu'à présent, lui a été
attribué. Si nous avions voulu nous conformer à l'acception ordinaire
de ces trois vers, il nous aurait été facile de les traduire
de la manière suivante :
« Pâtre» au cœur abject et de vice infecté,
» Nous donnons à l'erreur l'air de la vérité;
» La vérité! nos voix souvent la proclamèrent! »
Mais est-il présumable. qu'Hésiode, à la tête d'un ouvrage où
il fait intervenir les Muses pour accréditer ses chants, n'eût pas
appréhendé d'incriminer lui-même les divinités qui l'inspirent,
en les accusant d'avoir sacrifié quelquefois le vrai au vraisemblable?
N'aurait-il pas agi dans un sens diamétralement contraire
à celui qu'il avait en vue? et n'aurait-il pas évidemment manqué
son but? De plus, il se serait mis par là en opposition avec toute
l'antiquité qui proclame lés Muses comme la source de toute lumière
intellectuelle, comme le seul flambeau qui puisse éclain r
les hommes dans la nuit profonde où une désobéissance primitive
les a précipités. Ne valait-il donc pas mieux, comme nous l'ayons'
fait en traduisant ce passage, sous-enfendre le pronom