Traduction d'Alphonse Fresse-Montval - Notes du mont Royal

U PROLÉGOMÈNES
qu'après avoir consommé un grand ouvrage entre les immortels,
Hercule s'allia avec Hébé dans le ciel, uù il vij.
exempt des maux et de la vieillesse. Voilà ce qu'il en a
écrit, et qui ne donne pas une autre idée de son état que
celle qu'Homère en a donnée : du reste il ne fait non plus
aucune mention ni de Pan, ni de la mère des dieux ; et si
l'on fait attentipn, que le titre même de son poème le mettait
dans l'obi ig.uiou de nommer toutes les divinités de la
Grèce, on conviendra qu'il a fait justement le contraire de
ce qu'il aurait fuit s'il avait vécu dans un siècle où Pan , la
mère des dieux, Castor et Pollux, Esculape et Hercule
eussent été regardés par les Grecs comme autant de divinités,
» Allons plus loin et disons qu'à mesure que les superstitions
étrangères se mêlèrent avec les anciennes superstitions
de la Grèce, tout vint à se brouiller et à se confondre ;
qu'on ne distingua plus ni les fonctions de plusieurs divinités
différentes ni ces divinités mêmes; que Diane, par
exemple , fut prise pour Britomortis et pour Hécate, Bacchus
pour le Soleil ; et que les philosophes, en voulant
réformer la religion sur ce qu'ils connaissaient d'histoire
naturelle, conh'ibuèrent beaucoup à ce désordre, qui alla
toujours en augmentant. On sait tout cela, pour peu qu'on
ait jeté les yeux sur ces anciens auteurs et qu'on ait lu les
mythologues modernes. Que doit-on en conclure, quand
on voit un poème qui n'est presque qu'un tissu de noms de
dieux, entièrement exempt de ce mélange, où chaque divinité
a son rang, son origine propre, où l'on n'en trouve
jamais deux confondues ensemble? On y reconnaît sans
doute les caractères de cette théogonie dont parle Hérodote
, et que Homère et Hésiode avaient faite pour 1rs
Grecs. < Il y avait marqué, dit cet historien, d'où venaient