Traduction d'Alphonse Fresse-Montval - Notes du mont Royal

NOTES DES TRAVAUX ET DES JOCnS. 507
Sur d'injustes mortels elle épand ses bienfaits;
De là d'affreux discords, des guerres fratricides ;
Plus de rois qu'un tel peuple aima à prendre pour guides ;
La ville existe encor; mais l'État? il n'est plus!
Car les lois sont sans force et les cœurs sans vertus;
A d'horribles combats incessamment en J>utte,
Tout mortel s'y ravale au niveau de la brute.
Sans doute il est enc>r des mortels vertueux ;
Mais n'en voyons-nous pas qui le furent comme eux
Et dont nul ne saurait supporter la démence?
Luttant de fourberie, ils joutent d'insolence,
Sans amour pour le bien, pour le mal sans horreur;
Garde que nul d'entre eux, ne captive ton cœur,
Au prix d'aucun trésor, car leur âme frivole
Ne voit dans l'amitié qu'une vaine parole.
Pour aucun intérêt ne t'nnis avec eux,
Ou tu verrais bientôt, en te» connaissant mieux,
Qu'il n'est rien dont leur cœur ne profite et n'abuse,
Amateurs d'imposture et de fraude et de ruse,
Ils sont perdus d'honneur : sache donc les tenir
Prudemment à l'écart, si tu veux réussir;
Et, marchant à ton but, préfère à leurs intrigues
Un chemin hérissé de peine et de fatigues.
Sache avec tes amis conserver un secret,
Car, à ton détriment, pins d'un s'en servirait :
Et, pour ne pas gémir de trop de confiance,
Sois sobre de discours et travaille en silence.
Un ami véritable est, de tous les trésors,
Le meilleur à garder parmi tous nos discords;
Mais il en est bien peu dont le cœur plein de zèle
Tienne, dans nos malheurs, à nous rester fidèle,
lit, d'un commun accord, secondant nos travaux,
Ose, ainsi qu'à nos biens, prendre part à nos maux.