Traduction d'Alphonse Fresse-Montval - Notes du mont Royal

NOTES DES TRAVAUX ET DES JOURS. 265
Cette ressemblance des enfants avec leur père était généralement
regardée comme le comble du bonheur conjugal, comme ce qui
mettait le sceau à la félicité de deux cœurs tendrement unis; c'est
là ce que D.'don, près d'être délaissée par Énée, regrettait surtout,
si nous en croyons Virgile, qui, dans ce passage du IV e livre
de YÉnéide, a encore imité Hésiode ; c'est la reine de Carthage
qui parle en ces termes à son infidèle amant :
Du moins, si de tes feux un vivant témoignage
Pouvait, après ta fuite, adoucir mon veuvage,
Et qu'un petit Énée, offrant à mon amour
Ton portrait seulement, se jouât dans ma cour!...
(Enéide, liv. IV; trad. inéd. par Alph.
Fresse-Montval.)
On le voit, D.don n'attachait pas moins que Catulle et Hésiode
un grand prix à la ressemblance des enfants avec leur
père ; Tbéocrite nous apprend, dans son Éloge de Ptolémée, à
quel ordre d'idées se rattachait l'importance attribuée à un pareil
sentiment; voici comment s'exprime ce poète :
Par l'amour conjugal l'épouse délaissée,
D'un adultère amour occupe sa pensée,
Et, dans nul de ses fils, on ne la voit jamais
De son époux déçu reproduire les traits.
(Tbéocrite, trad. d'Alpli. Fresse-Montval.)
VERS 378.
Tandis que Jupiter imposa pour entraves
Aux humaines fureurs les lois de l'équité.
Ces vers d'Hésiode réfutent énergiquement l'assertion calomnieuse
de l'historien Josèphe, qui prétendait que le mot loi n'avait
pas été connu de l'antique HeUade, parce que ce mot
(vo'[/.o;) ne se rencontre point dans Homère. — Eh I bien, voici
un poète antérieur, comme nous l'avons prouvé, au chantre
d'Achille et d'Ulysse, voici le poète d'Ascia qui constate for-
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