Traduction d'Alphonse Fresse-Montval - Notes du mont Royal

LA THÉOGONIE H7
Ont du Chaos lui même embrasé l'étendue,
L'oeil croit le voir, l'oreille en entendre la voix ;
760 Tel, quand le Ciel s'unit à la Terre autrefois,
Un bruit aflïeux jaillit de la Terre, écrasée
Sous le Ciel, dont la voûte, en croulant, l'a brisée ;
Tel élait le fracas des divins combattants.
Les Vents font, à travers les Dieux et 1rs Titans,
763 Sur leurs ailes, voler un tourbillon de poudre,
De nuages, d'éclairs, de tonnerre et de foudre,
Armes de Jupiter; ils portent en tous lieux
Le cliquetis du glaive et les clameurs des Dieux ;
Et, de ces bruits divers formant un bruit immense,
770 Proclament des deux camps la haine et la puissance.
Le combat va finir; mais par combien de coups
Les deux partis encor signalent leur courroux !
Au plus fort du péril soutiennent la bataille
Cotlus et Briarée et Gygès, que travaille
773 Une invincible ardeur; ils lancent tous les trois,
De leurs mains sans repos, trois ccuts rocs à la fois ;
Et les Titans, couverts d'un nuage de pierres,
Tombent, quoique vaillants, sousleurs trois adversaires ;
Par eux ils sont vaincus, sous terre emprisonnés,
780 Et d'infrangibles fers pour toujours enchaînés.
Ils gisent, relégués aussi loin sous la terre,
Qu'au-dessus des humains luit la céleste sphère ;
Une enclume d'airain qui du ciel tomberait,
Roulerait dans les airs, neuf jours, et n'atteindrait
783 Que le dixième jour la terrestre surface ;
Une enclume d'airain qui parcourrait l'espace
De la terre aux enfers, sans repos roulerait
Neuf jours, et, le dixième, auTartare atteindrait.