Traduction d'Alphonse Fresse-Montval - Notes du mont Royal

30 DISCOURS.
auquel il transmet ses enseignements et fait ressentir une
action qui, depuis deux mille sept cents ans, ne s'est pas
encore affaiblie. — Comparable par la nature de ses œuvres
à la gigantesque stature que les ambassadeurs scythes attribuaient
à l'ambition d'Alexandre, Hésiode louche d'une
inaiu à l'Orient, dont il de,ouïe à nos yeux les croyances
cosmogoniques; de l'autre il étreint l'Occident, dont les
écrivains les plus sublimes tiennent de lui leurs plus admirables
conceptions.
Avec un génie de cette taille > i! n'y a pas moyen, vous
le voyez, de se restreindre ni à un siècle, ni à une littérature,
ni à une civilisation. Car notre poète fut, dans son
siècle, le résumislc des âges précédents, des âges dus dieux
et des héros, entre lesquels il occupe la même place
qu'Homère entre les siècles héroïques et ceux que l'histoire
a éclairés. Or, pourrions-nous connaître jusqu'à quel point
Hésiode a fidèlement résumé les époques qui le précédèrent,
si nous ne nous informions, d'une manière au moins
suffisante, des idées capitales qui ont fait loi durant les
éiècles dont les traditions nous sont conservées par notre
poète ?
Ces traditions, qui sont avant tout non moins morales
que religieuses, énoncent et expliquent les rapports que
l'homme soutient avec lui métne^ avec sa famille, avec ses
concitoyens comme gouvernant ou comme gouverné, et
enfin avec toute la nature. Mais il n'a point existé une
seule époque littéraire, pas une seule civilisation, qui ne se
toient inquiétées de ces rapports, qui ne les aient éttidiés
ou formulés, et qui ne les aient eompris d'une façon plus
ou moins analogue à celle dont Hésiode les a conçus. Il
faudra, par conséquent, que toutes ces civilisations, il faudra
que toutes «s époques littéraires viennent poser devant