Traduction d'Alphonse Fresse-Montval - Notes du mont Royal

LA. THEOGONIE. il»
Tout autour du Tari are, un mur d'airain domine,
790 Li Nuit plaue au-dessus, et plus haut, la racine
D'où surgissent ensemble et la terre et les mers;
Là, sont les Dieux-Titans de ténèbres couverts,
Retenus par l'arrêt dn maître du tonnerre,
Dans un espace immense, aux confins de la terre,
793 Et peuplant pour toujours un cachot souterrain
Que Neptune a fermé par des portée d'airain.
Placés par Jupiter pour en garder l'entrée,
Là se tiennent Gygès, Coltus et Briarée.
C'est de là que tout vient, tout finit là, les Mers,
800 Le Tartare, les Cieux, la Terre, l'univers;
Contrée horrible, immense, et des Dieux abhorrée,
Gouffre que tout mortel, s'il en touchait l'entrée,
Dans l'espace d'un an, voudrait franchir en vain ;
Mais d'orage en orage il roulerait sans fin,
808 Tristement emporté dans cette horrible enceinte,
Prodige que les Dieux n'ont jamais vu sans crainte !
De l'exécrable Nuit, au sein de ce désert,
S'élève le palais, d'ombre et d'horreur couvert ;
Atlas dresse au dehors un front inébranlable
810 Qui supporte le Ciel sans que ce poids l'accable ;
C'est là le seuil d'airain où viennent tour-à-tour,
Succédant l'un à l'autre, et la Nuit et le Jour ;
Quand l'un quitte les Cieux, soudain l'autre y retourne;
Près de l'autre jamais l'un des deux ne séjourne;
813 Lorsque, pour l'univers que parcourt son orgueil,
L'un quitte son palais, l'autre en garde le seuil,
Jusqu'à l'instant qui doit lui rouvrir sa carrière;
L'un, qui voit tout, s'élance, entouré de lumière;
L'autre est la sombre Nuit, noir fléau, qui ce sort
8ao Que suivi du Sommeil, ce frère Ce la Mort.