Traduction d'Alphonse Fresse-Montval - Notes du mont Royal

LES TRAVAUX ET LES JOURS. 283
Se façonne en chaussure, où le crin tout autour
Demeure, et du dedans tapisse le contour.
185 Quand du double chevreau l'étoile au ciel rayonne,
Que le cuir, sous les doigts, en manteau se façonne ,
Et d'un ciel pluvieux t'épargne la rigueur;
D'un bonnet pour ton front creuse la profondeur,
Afin qu'à chaque oreille avec grâce il s'étende,
190 Et de l'humidité constamment la défonde.
Humide est le matin , si, dès le point du jour,
Tombe le vent du nord, ce vent qui, tour-à-tour,
A travers les sentiers que les astres parcourent,
Cherche ou fuit les guérets que les mortels labourent;
195 Son souffle matinal féconde leurs travaux.
Mais aux fleuves parfois il emprunte leura eaux,
Et, les faisant tomber jusqu'au soir sur nos tête»,
S'élance dans les airs sur l'aile des tempêtes,
Ou du jour seulement nous cache la clarté.
200 Garde alors d'être aux champs par l'ouvrage arrêté,
De peur que les brouillards sur toi ne s'épaississent,
Et que d'un froid mortel tes membres ne transissent.
Ce mois, où de l'hiver s'aggravent les fléaux,
Est,non moins qu'aux mortels, funeste A leurs troupeaux;
205 De moitié pour tes bœufs aug nente la pâture,
Et plus encor pour l'homme accrois la nourriture;
C'est ainsi que du jour, trop prompt à s'écouler,
A la longueur des nuits, le cours peut s'égaler,
Jusqu'à l'heure où l'hiver loin de nos bords s'envole,
210 Et que par ses bienfaits la terre nous console.
Lorsque deux mois après le solstice d'hiver,
Du sein des flots sacrés guidé par Jupiter,
L'Arcture vient, la'nuit, dans ses premières courses
Darder tous ses rayons sur les pa< des deux Ourses,