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L’Ile de Chelo<br />
La Nueve<br />
ou les Oubliés de <strong>la</strong> victoire<br />
2009, 52', couleur, documentaire<br />
réalisation : Alberto Marquardt<br />
production : Point du Jour, France Télévisions,<br />
ECPAD<br />
participation : <strong>CNC</strong>, Acsé (Images<br />
de <strong>la</strong> diversité), Procirep, Angoa, Ville de Paris<br />
Luis Royo et Manuel Fernandez sont les seuls<br />
survivants de <strong>la</strong> Nueve, cette compagnie<br />
de <strong>la</strong> division Leclerc formée presque<br />
entièrement de Républicains espagnols.<br />
Ils ont été les premiers à entrer dans Paris<br />
le 24 août 1944 mais l’histoire officielle telle<br />
que de Gaulle <strong>la</strong> proc<strong>la</strong>me dès le lendemain<br />
les ignore. Le film retrace l’itinéraire<br />
de ces soldats oubliés, engagés contre Hitler<br />
dans l’espoir de revenir en Espagne faire<br />
tomber Franco.<br />
En s’appuyant sur les deux derniers témoins<br />
vivants, les cahiers du commandant<br />
de <strong>la</strong> Nueve et de nombreuses archives<br />
filmées, Alberto Marquardt déroule l’épopée<br />
des Espagnols qui ont rejoint <strong>la</strong> France Libre.<br />
Inspirée du livre d’Evelyn Mesquida (La Nueve,<br />
24 août 1944 - Ces Républicains espagnols<br />
qui ont libéré Paris, 2011), l’enquête retrace<br />
à partir de <strong>la</strong> défaite républicaine de 1939<br />
les péripéties de leur engagement, d’abord<br />
dans <strong>la</strong> Légion étrangère (batailles de France<br />
en 1940 et de Tunisie en 1943). Dès que<br />
<strong>la</strong> division Leclerc se forma, ces antifascistes<br />
de <strong>la</strong> première heure <strong>la</strong> rejoignirent en masse.<br />
Au prix de pertes terribles, ils débarqueront<br />
en Normandie, libèreront Paris et poursuivront<br />
jusqu’en Allemagne. Sur le mur de sa chambre,<br />
dans <strong>la</strong> maison de retraite en Bretagne<br />
où Manuel Fernandez finit ses jours, le portrait<br />
de Leclerc est en bonne p<strong>la</strong>ce. La France,<br />
elle, a beaucoup tardé avant d’exprimer<br />
sa gratitude à ces Rouges espagnols qu’on<br />
avait effacés de <strong>la</strong> photo de <strong>la</strong> Victoire. E. S.<br />
L’Ile de Chelo<br />
2008, 57', couleur, documentaire<br />
réalisation : Odette Martinez-Maler,<br />
Ismaël Cobo, Laetitia Puertas<br />
production : P<strong>la</strong>y Film, IB Cinema<br />
participation : Centre Images, BDIC,<br />
Centre audiovisuel Simone de Beauvoir,<br />
Traces Films<br />
Dans sa maison de l’île de Ré, une vieille<br />
dame égrène en espagnol des souvenirs<br />
de guerre et d’amour. C’est le roman vrai<br />
de Consuelo, dite Chelo. Au début de <strong>la</strong> guerre<br />
civile, incorporés de force dans <strong>la</strong> milice<br />
franquiste, ses frères aînés désertèrent ;<br />
en représailles, leurs parents furent<br />
assassinés. Pour ses frères combattants,<br />
Chelo devint agent de liaison, puis elle rejoignit<br />
le maquis républicain et connut le bonheur<br />
avec le bel Arcadio.<br />
Grâce au témoignage pudique de Chelo,<br />
ce film fait revivre une histoire méconnue,<br />
celle des maquisards républicains<br />
qui résistèrent dans les zones contrôlées<br />
par les Franquistes et continuèrent<br />
le combat jusqu’au début des années 1950.<br />
Le sort des femmes qui partagèrent leur lutte<br />
et, comme Chelo, portèrent les armes,<br />
est encore moins connu. Considérés comme<br />
des terroristes et leurs compagnes comme<br />
des “putains rouges”, ils n’ont été réhabilités<br />
en tant que “combattants de <strong>la</strong> liberté”<br />
qu’au cours des années 2000.<br />
Accompagnée de <strong>la</strong> réalisatrice (elle-même<br />
fille de maquisards), Chelo se rend à deux<br />
reprises dans son vil<strong>la</strong>ge de Galice pour<br />
des cérémonies d’hommage où <strong>la</strong> mémoire<br />
des maquisards est enfin honorée. Filmées<br />
en Super 8, des images en noir et b<strong>la</strong>nc<br />
<strong>la</strong>issent imaginer ce vil<strong>la</strong>ge tel qu’il était<br />
en 1939 ou tel que <strong>la</strong> mémoire de Chelo l’a fixé.<br />
Malgré <strong>la</strong> dureté terrible de son expérience,<br />
ces années de guéril<strong>la</strong> et d’amour restent<br />
pour elle les plus belles de sa vie. E. S.<br />
communiste a imposé son récit en éliminant<br />
de l’histoire les autres composantes des forces<br />
républicaines, et cette domination persiste<br />
jusqu’à aujourd’hui.<br />
Chelo s’engage après que ses parents<br />
ont été fusillés. Son parcours est-il typique ?<br />
Absolument. Les franquistes recherchent ses<br />
frères qui ont déserté. Comme ils ne les trouvent<br />
pas, ils assassinent les parents. Leur seul<br />
crime est de soutenir le régime légal de <strong>la</strong><br />
République qui a remporté les élections de<br />
1931, c’est tout. La répression frappe systématiquement<br />
les familles des suspects. Si l’on<br />
cherche le mari, on arrête sa femme. On a le<br />
témoignage dans <strong>la</strong> province de Grenade<br />
d’une femme promenée nue dans les rues de<br />
son vil<strong>la</strong>ge, puis abattue au vu et au su de tous.<br />
C’est un régime de terreur et d’humiliation collective.<br />
Dans chaque vil<strong>la</strong>ge, on compte des<br />
dizaines de cadavres jetés au bord des chemins,<br />
ba<strong>la</strong>ncés dans des trous. Après <strong>la</strong> mort<br />
de ses parents, Chelo assume l’éducation de<br />
ses jeunes frères et sœurs et devient très vite<br />
agent de liaison. Lorsqu’elle rejoint <strong>la</strong> guéril<strong>la</strong>,<br />
elle prend les armes ; pour elle, c’est une évidence,<br />
ses parents ont été froidement tués,<br />
elle défend sa vie.<br />
Quel est le rôle des femmes dans <strong>la</strong> guéril<strong>la</strong> ?<br />
Comme Chelo, elles sont souvent au départ<br />
agents de liaison. Elles habitent dans les vil<strong>la</strong>ges<br />
et montent de <strong>la</strong> nourriture, des armes,<br />
des messages. Certaines rejoignent le maquis<br />
pour suivre un homme qu’elles aiment, comme<br />
Chelo. Ou parce qu’elles sont dès le départ des<br />
femmes engagées, des militantes révolutionnaires.<br />
Elles assument toutes les tâches quotidiennes<br />
et participent aussi aux opérations<br />
militaires. Evidemment, elles paient d’un prix<br />
plus lourd leur engagement. La plupart, comme<br />
Chelo, doivent assumer en même temps le<br />
soutien de leur famille, de leur foyer et tous les<br />
risques de <strong>la</strong> résistance. Il faut lire les livres<br />
d’Antonina Rodrigo 2 qui écrit essentiellement<br />
sur les femmes, des femmes exemp<strong>la</strong>ires,<br />
d’un courage extraordinaire. Mais <strong>la</strong> plupart<br />
de ces femmes formidables n’ont pas cherché<br />
à faire parler d’elles.<br />
cnc.fr/idc<br />
Wolfram ! La Montagne noire,<br />
de Chema Sarmiento, 1994, 55' ;<br />
Armand Guerra, requiem pour un cinéaste<br />
espagnol, d’Ezéquiel Fernandez, 1998, 50' ;<br />
Un Cinéma sous influence, de Richard Prost,<br />
2001, 52' ; Roman Karmen, un cinéaste<br />
au service de <strong>la</strong> révolution, de Patrick Barbéris<br />
et Dominique Chapuis, 2001, 90'.<br />
70 images de <strong>la</strong> culture