interstices de ville sur les pavés, au-dessus des gravats et des ruines… un monde, un jardin Notes à propos de Le Monde en un jardin de Frédérique Pressmann… avec un détour par Georges Perec et <strong>la</strong> rue Vilin, par Myriam Blœdé. Enc<strong>la</strong>ve de nature cultivée dans un quartier popu<strong>la</strong>ire de Paris, à <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion métissée et au bâti très dense, le parc de Belleville forme une sorte de cœur qui s’étend à f<strong>la</strong>nc de colline, sur 45 hectares, entre <strong>la</strong> rue Piat et <strong>la</strong> rue du Transvaal au nord-est, <strong>la</strong> rue des Couronnes au sud et <strong>la</strong> rue Julien Lacroix à l’ouest. Rue Piat, <strong>la</strong> terrasse qui longe le haut du jardin offre sur <strong>la</strong> ville un panorama magnifique. Il y a beaucoup à voir dans ce jardin, par exemple, en aplomb, <strong>la</strong> lune, pleine et plutôt froide. Ou bien, en écho, formant une ligne sinueuse, les globes lumineux d’une série de <strong>la</strong>mpadaires. Les pentes, certains parapets et des grilles, les bordures d’allées et les allées ellesmêmes dessinent d’autres courbes, d’autres réseaux de lignes sinueuses que viennent interrompre les lignes droites et perpendicu<strong>la</strong>ires d’escaliers plus ou moins abrupts. Même jeu de contrastes entre des courbes, des verticales et des horizontales pour <strong>la</strong> Maison de l’air bâtie en contrebas du belvédère. Il y a aussi beaucoup de sons dans ce jardin : on entend notamment le vent dans les arbres, le ruissellement de l’eau de <strong>la</strong> fontaine en cascade, le crépitement de <strong>la</strong> pluie, le crissement des pas sur un sol enneigé, le pépiement d’un oiseau – une mésange peut-être, à moins qu’il ne s’agisse d’une fauvette à tête noire – auquel répond un autre oiseau, le croassement de quelques corbeaux qui tournoient à <strong>la</strong> cime d’un arbre (“il paraît qu’ils portent malheur”), un geai, identifié, et puis le battement d’ailes d’un envol de pigeons. Dans le lointain, on entend le tintement des cloches de Notre-Dame de <strong>la</strong> Croix et, tout près de nous, faisant éc<strong>la</strong>ter <strong>la</strong> “couronne de silence” qui entoure et annonce “tout vrai jardin”, en fait “un espace de liberté”, les pétarades d’invisibles deux-roues à moteur. Mais, pour revenir au jardin, on y voit des chats – celui-là s’étire paresseusement tout en faisant ses griffes sur le tronc d’un arbre, mais sa <strong>la</strong>ngueur n’est peut-être qu’apparente, les oiseaux ne sont pas loin. Des chiens aussi, mais assez peu, des insectes en liberté… et un jour de pluie, sur une musique de pluie, un escargot qui traverse une allée. On voit, forcément, des végétaux en grand nombre, des végétaux de toutes sortes et dans tous leurs états, des herbes et des feuilles, des buissons, des arbustes et des arbres : chênes, hêtres et tilleuls, marronniers et noyers, arbres de Judée, frênes d’Amérique, orangers du Mexique, pommiers, catalpas, cyprès chauves et ginkgos – si toutes ces essences, parmi celles qu’énumérait Robert Bober en 1992 dans En remontant <strong>la</strong> rue Vilin, n’ont pas été depuis remp<strong>la</strong>cées par d’autres... Il y a également des choisyas qui sentent l’eucalyptus et même quelques pieds de vigne dont on fait du vin, peut-être en souvenir de <strong>la</strong> “piquette” de Belleville. Et puis il y a des fleurs, bien sûr, que seul Gérard peut nommer toutes, y compris de leur nom <strong>la</strong>tin. Gérard, c’est Gérard Joubert, le jardinier. Il est le maître de céans, l’hôte de cette “oasis” – c’est ainsi qu’il l’appelle –, il en est l’âme, le veilleur bienveil<strong>la</strong>nt. Il dirige et conseille l’équipe des jardiniers, saisonniers et apprentis : Aurélien, B<strong>la</strong>ise, Camille, Hervé, Jonathan, Sébastien, Thomas, William et Yves, qui à longueur d’année ba<strong>la</strong>yent, ratissent, taillent, tondent, p<strong>la</strong>ntent, arrosent… Il accueille, renseigne et guide parfois les visiteurs, il ne manque jamais de saluer ses connaissances – forcément, depuis le temps, il en a beaucoup. Et, in<strong>la</strong>ssablement, il arpente son territoire, attentif au moindre mouvement, à <strong>la</strong> moindre variation. La nuit, le jardin est le domaine exclusif d’une faune animale plus ou moins répertoriée. Mais le jour, il ouvre ses portes aux promeneurs. On entend alors des voix, des musiques et des rires. Selon les heures du jour et le temps qu’il fait, le jardin est calme ou très animé. Mais, de manière générale, sans compter les jardiniers, il y a beaucoup de gens dans ce jardin – passants, visiteurs occasionnels, habitués – et beaucoup d’activité. Par exemple, une joggeuse, une jeune fille qui lit, assise à califourchon sur un banc, un “nourrisseur de chats” et des dames qui donnent à manger aux pigeons, des pratiquants de tai-chi ou de gymnastique chinoise, des danseurs de tango de tous âges, des bas- 72 images de <strong>la</strong> culture
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