Sport et éthique: valeurs et normes - Wielersportboeken
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préparation à la compétition, désigne plus largement le mouvement par lequel l'homme se trouve<br />
déterminé à agir, indépendamment de sa volonté consciente <strong>et</strong> réfléchie. Le terme est utilisé pour<br />
désigner l'entraînement des passions, des habitudes, ou encore pour évoquer l'entraînement de la<br />
discussion. Il est dit d'une personnalité qu'elle est capable de soum<strong>et</strong>tre à la raison les<br />
entraînements les plus passionnés de sa nature véhémente.<br />
Ici nous parlons moins du mouvement par lequel l'homme est déterminé par quelque chose, mais<br />
davantage par l'eff<strong>et</strong> d'entraînement que l'on observe en soi-même par rapport à quelque chose.<br />
C<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> d'entraînement donne plutôt l'impression de la spontanéité, d'une certaine forme de liberté.<br />
Le sport comme liberté <strong>et</strong> jeu. Mais quand on observe ce qu'est l'eff<strong>et</strong> d'entraînement, on peut<br />
voir que le sport, comme d'autres réalités, attire à ce point, est vécu de telle sorte qu'on se sent<br />
emporté, enthousiasmé, séduit, entraîné sans presque s'en rendre compte.<br />
L'eff<strong>et</strong> d'entraînement n'est pas une contrainte imposée de l'extérieur, ce n'est pas même une<br />
séduction; c'est un attrait intérieur pour une réalité ou pour une activité. L'eff<strong>et</strong> d'entraînement a<br />
ceci de caractéristique qu'il entraîne la liberté, au lieu de la déterminer, au lieu de la contraindre<br />
de l'extérieur. C'est la liberté qui est mise en mouvement.<br />
L'eff<strong>et</strong> d'entraînement dans le sport consiste dans le fait que la pratique du sport, mais aussi le<br />
spectacle comportent une fascination, un entraînement. L'homme, même s'il fait preuve de raison,<br />
de liberté, de créativité, est mû par une force indépendamment de la liberté <strong>et</strong> de la réflexion.<br />
Dans le sport, on est entraîné par quelque chose qui n'est pas mauvais, qui est bon, mais qui<br />
fascine, qui fait que l'on agit spontanément, volontiers, avec une sorte d'excitation, avec fougue,<br />
avec passion.<br />
L'eff<strong>et</strong> d'entraînement dans le sport <strong>et</strong> autour du sport mérite d'être considéré plus attentivement.<br />
Il excite, mais il protège d'autres excitations. Comme la vitesse, comme le bruit. Comme l'alcool<br />
peut-être.<br />
On connaît l'eff<strong>et</strong> d'entraînement des passions, des sentiments, celui du sentiment amoureux, celui<br />
de la colère, celui du désir. Mais déjà, à la fin du IV e siècle, Augustin sait ce qu'est l'entraînement<br />
du jeu, du spectacle sportif.<br />
L'eff<strong>et</strong> d'entraînement touche les activités les plus nobles: l'étude, la recherche intellectuelle, la<br />
recherche scientifique, l'économie, l'argent, même la religion, <strong>et</strong> aussi le sport. Dès qu'on est<br />
touché par le virus du sport, on est tenté d'y mordre de plus en plus. Celui qui a commencé à suivre<br />
un match de foot, ou de rugby, ou de tennis, ou de boxe est porté à le regarder jusqu'au bout. On<br />
poursuit, non parce qu’on subit une contrainte extérieure, mais parce qu’on est emporté<br />
intérieurement vers quelque chose de fascinant, de passionnant.<br />
Le sport a en lui quelque chose qui est comme un virus, comme une maladie, comme une<br />
excitation. Le sport de performance, de compétition est particulièrement sensible à c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong><br />
d'entraînement. Il est bon pour l'homme d'être passionné <strong>et</strong> on peut considérer la passion pour le<br />
sport comme une attitude positive, du point de vue humain <strong>et</strong> <strong>éthique</strong>, si ce qui passionne dans<br />
le sport, c'est la performance comme dépassement de soi avec sa valeur symbolique. C'est ce que<br />
nous avons cherché à préciser dans la quatrième partie de notre rapport. Mais l'intérêt <strong>et</strong> la<br />
passion pour le sport, l'enthousiasme <strong>et</strong> l'excitation vécus dans le sport, peuvent devenir<br />
irrationnels, passionnels, aliénants. On se trouve enfermé dans une quête sans fin, obsessionnelle,<br />
interminable. On n'a jamais fini de combattre, de s'améliorer, de se dépasser, de se perfectionner.