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Sport et éthique: valeurs et normes - Wielersportboeken

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L'<strong>éthique</strong> du sport accepte le plaisir de la victoire mais elle est aussi apprentissage à vivre le<br />

plaisir de la victoire en respectant l'adversaire <strong>et</strong> en reconnaissant sa valeur <strong>et</strong> sa dignité. A un<br />

autre plan, qui est celui d'une sorte d'initiation <strong>et</strong> où on accède à une forme de sagesse, la<br />

mission de l'<strong>éthique</strong> du sport consiste aussi à faire comprendre qu'une forme immodérée, du plaisir<br />

de vaincre n'est pas respectueuse de sa propre dignité humaine de vainqueur. Il s'agit d'aider à<br />

comprendre <strong>et</strong> à voir que la véritable dignité d'un suj<strong>et</strong> ne coïncide jamais avec le seul plaisir de<br />

la victoire. Il s'agit de découvrir, ce qui n'est pas simple, que la défaite sportive ne prive pas un<br />

suj<strong>et</strong> de sa dignité fondamentale. Il s'agit de percevoir, à travers une sorte d'initiation, que celui<br />

qui dans la victoire méprise ou humilie l'adversaire, blesse sa propre humanité <strong>et</strong> se prive d'une<br />

forme spécifique de plaisir.<br />

L'<strong>éthique</strong> du sport est capable aussi de considérer <strong>et</strong> d'accepter la réalité amère de la défaite,<br />

d'assumer ce qui dans le sport <strong>et</strong> la défaite est cause de déplaisir. Elle valorise la communion des<br />

sportifs <strong>et</strong> des spectateurs dans la victoire. Mais elle appréhende aussi, en la louant, la solidarité,<br />

dans la défaite, des sportifs <strong>et</strong> des spectateurs ou des organisateurs. Parce que le sport est un jeu,<br />

parce qu'il représente une activité réglée <strong>et</strong> organisée, la victoire <strong>et</strong> la défaite, le plaisir <strong>et</strong> le<br />

déplaisir y sont vécus avec d'autres, dans une forme de communion, dans le cadre d'un club, d'une<br />

association. Si on y partage <strong>et</strong> y célèbre la victoire, on y partage aussi la défaite <strong>et</strong> on s'en<br />

console pour se conforter <strong>et</strong> s'affermir. L'alcool n'est pas le seul moyen de fêter une victoire. Il<br />

n'est pas non plus le meilleur moyen de se rem<strong>et</strong>tre d'une défaite.<br />

Lieu de liberté, le sport interpelle l'<strong>éthique</strong>. Il l'interpelle de multiples façons, comme nous l'avons<br />

vu. Parce qu'il est de l'ordre du jeu, parce qu'il est double expérience de plaisir <strong>et</strong> de déplaisir, dans<br />

le respect de soi <strong>et</strong> des autres, dans la sagesse <strong>et</strong> la vérité; le plaisir de la victoire <strong>et</strong> l'amertume<br />

de la défaite. L'<strong>éthique</strong> du sport peut contribuer à c<strong>et</strong> apprentissage qui n'est pas simple, qui<br />

demande que le suj<strong>et</strong> ait accès à une forme de sagesse <strong>et</strong> de sérénité. Le sportif doit apprendre à<br />

vivre de manière humaine la difficulté de l'effort <strong>et</strong> de la préparation sportive; il doit tout autant<br />

apprendre à vivre de manière humaine la joie de la victoire, ainsi que l'épreuve de la défaite.<br />

La préparation sportive se fait avec d'autres, en communion avec d'autres. Le plaisir <strong>et</strong> la joie de<br />

la victoire aussi sont partagés avec d'autres <strong>et</strong> célébrés avec eux. L'épreuve de la défaite<br />

également est partagée avec d'autres: avec ceux-ci, le suj<strong>et</strong> se souvient de la défaite <strong>et</strong> de son<br />

amertume; mais il peut aussi se rendre compte qu'il a pu participer à un bel événement sportif. Le<br />

déplaisir de la défaite est réel, mais aussi la joie d'avoir participé à un événement sportif, d'avoir<br />

pu le vivre avec d'autres, qui restent solidaires avec lui dans l'épreuve. Ce sont là des expériences<br />

profondes <strong>et</strong> prégnantes auxquelles seront attentifs le sportif, le spectateur <strong>et</strong> les organisateurs<br />

ainsi que l'éthicien. La mission de l'<strong>éthique</strong> du sport est d'accompagner les sportifs, par la réflexion<br />

<strong>et</strong> la discussion, sur ce chemin d'approfondissement.<br />

L'<strong>éthique</strong> du sport ne remplit pas sa fonction, si elle ne valorise pas l'importance de la liberté. Elle<br />

ne remplit pas non plus sa fonction, si elle ne comprend pas ou ne valorise pas le plaisir, si pour<br />

n'avoir pas à l'examiner elle détourne les yeux de la réalité du déplaisir vécu dans le sport. Elle ne<br />

remplit pas sa mission si elle ne peut montrer que le plaisir de la victoire <strong>et</strong> le déplaisir de la<br />

défaite peuvent être vécus avec d'autres, de manière humaine <strong>et</strong> partagée, dans la sagesse <strong>et</strong> la<br />

solidarité, dans l'approfondissement <strong>et</strong> l'affermissement de l'être.<br />

L'<strong>éthique</strong> a comme fonction, nous le verrons, de proposer des règles dont les sportifs, les<br />

spectateurs, ainsi que les organisateurs <strong>et</strong> les accompagnateurs, pourront voir la raison d'être. Mais

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