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Sport et éthique: valeurs et normes - Wielersportboeken

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pas un mal. Une forme de combativité <strong>et</strong> d'agressivité appartient, il est vrai, à l'être de l'homme;<br />

mais pour être humaine, pleinement humaine, l'agressivité doit être non pas refoulée, ni non plus<br />

seulement canalisée ou réorientée, mais elle doit être transfigurée, transformée, parce qu'elle<br />

s'oriente vers un objectif reconnu socialement <strong>et</strong> désiré personnellement, <strong>et</strong> par ailleurs c<strong>et</strong>te<br />

transformation <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te orientation ne sont pas opérées de l'extérieur, mais elles viennent de<br />

l'intérieur. Pourtant c<strong>et</strong>te transfiguration, c<strong>et</strong>te transformation, c<strong>et</strong>te sublimation de l'agressivité<br />

doivent être soutenues de l'extérieur par les éducateurs, les groupes sociaux, les animateurs, <strong>et</strong><br />

dans le domaine du sport, par les clubs sportifs <strong>et</strong> les entraîneurs.<br />

La réflexion <strong>éthique</strong> peut se nourrir ici du bel essai de Antoine Vergote, La psychanalyse à<br />

l'épreuve de la sublimation (Editions du Cerf, 1997). Le désir rencontre l'épreuve, la difficulté; il<br />

conduit le suj<strong>et</strong> à une sublimation, dont Freud a perçu l'importance, mais qu'il n'a pas su traiter à<br />

fond. L'agressivité, c'est la force du désir qui rencontre un obstacle, réel ou supposé. Le suj<strong>et</strong> se<br />

montre agressif à l'encontre de c<strong>et</strong> obstacle, au nom même du désir, du désir propre ou du désir<br />

de ceux dont il se fait proche.<br />

Le sport est affaire de liberté <strong>et</strong> de désir, disions-nous dans la première partie; le désir, même dans<br />

le cadre du jeu ou du sport, donc de la gratuité, rencontre la difficulté, l'obstacle, la contrariété,<br />

plus exactement encore l'épreuve. Le sportif veut gagner; mais ce désir est à la fois contrarié <strong>et</strong><br />

soutenu par l'effort que fait l'autre pour emporter lui aussi la victoire. L'agressivité se vit inévitablement<br />

dans le sport <strong>et</strong> le jeu, car le désir de l'un rencontre le désir contraire de l'autre. C<strong>et</strong>te<br />

contrariété fait partie du jeu <strong>et</strong> du sport, comme elle fait partie de l'existence sociale, <strong>et</strong> sans<br />

doute de l'existence humaine.<br />

C<strong>et</strong>te contrariété qui fait partie du jeu <strong>et</strong> du sport, qui fait partie de l'existence humaine, n'est pas<br />

à nier, ni à banaliser. Elle est à assumer, non passivement, mais activement. La contrariété est un<br />

appel au fair-play dont nous parlerons dans les derniers développements de ce rapport. Ici, de<br />

façon plus restreinte, nous considérons la contrariété comme un chemin à parcourir, comme un<br />

appel à entendre, à penser <strong>et</strong> à réfléchir la différence, l'altérité <strong>et</strong> l'opposition. Il est possible <strong>et</strong><br />

nécessaire de penser, de comprendre <strong>et</strong> de valoriser la différence <strong>et</strong> l'altérité; il est possible <strong>et</strong><br />

nécessaire de penser, de comprendre <strong>et</strong> de respecter l'opposition, voire même de la valoriser. En<br />

tout cas, le but n'est pas de la nier; on peut combattre l'opposition, on peut chercher à la<br />

dépasser; mais on ne peut vouloir la dépasser par l'élimination d'un des termes.<br />

Dans le sport, le suj<strong>et</strong> apprend ou peut apprendre à rencontrer <strong>et</strong> à affronter la différence, à<br />

rencontrer <strong>et</strong> à combattre l'opposition, analyser. Mais on apprend aussi à ne pas vouloir éliminer<br />

physiquement ou psychologiquement l'adversaire. Celui-ci n'est pas un ennemi, mais un<br />

partenaire, en quelque sorte même un allié. Sans lui, il n'y aurait pas de lutte, il n'y aurait pas de<br />

jeu ou de compétition. On combat l'adversaire, on le respecte en même temps.<br />

La force de caractère ou la maîtrise de soi n'est pas la négation de l'agressivité; elle n'est pas la<br />

négation ou le déni de la contrariété, mais elle cherche <strong>et</strong> réussit parfois à vivre l'agressivité <strong>et</strong> la<br />

contrariété de façon humaine <strong>et</strong> respectueuse. La pratique du sport peut contribuer à développer<br />

ces attitudes chez le suj<strong>et</strong>. Elles sont des éléments essentiels du fair-play, comme nous nous<br />

efforcerons de le montrer. Se vivant dans le sport, elles pourront <strong>et</strong> devront se vivre aussi ailleurs,<br />

dans les autres secteurs de l'existence.<br />

La formation du caractère, ce n'est pas chercher à former des gens capables de détruire l'autre,<br />

l'adversaire. Ce n'est pas non plus, à l'opposé, la volonté ambiguë de vouloir former des gens<br />

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