Sport et éthique: valeurs et normes - Wielersportboeken
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Chapitre 1 : La performance sportive, le dépassement<br />
de soi, la valeur symbolique<br />
Trois réalités humaines, trois dimensions du sport, liées les unes aux autres <strong>et</strong><br />
vécues dans la liberté.<br />
1. La recherche de la performance sportive<br />
La pratique du sport est caractérisée par la recherche de la performance sportive. Celle-ci est-elle<br />
inhérente au sport? On la r<strong>et</strong>rouve particulièrement dans le sport de haut niveau. Le sport de<br />
compétition est souvent aussi un sport de performance. Parallèlement, symétriquement, le sport<br />
de performance est souvent aussi sport de compétition. Et pourtant, il peut exister des formes de<br />
pratique sportive où la recherche de performance sportive est fort atténuée, réduite à un minimum.<br />
C'est ce que l'on appelle le "sport pour tous", qui est vraiment du sport selon nous, mais qui est<br />
une activité sportive d'un type différent de celui du sport de performance.<br />
La recherche de performance sportive peut se définir comme la recherche d'un résultat, qui n'est<br />
pas seulement bon, mais meilleur. C<strong>et</strong>te recherche de performance sera souvent exprimée par la<br />
forme grammaticale du comparatif, de l'adjectif comparatif ou de l'adverbe comparatif: Melior -<br />
melius, citior - citius, fortior - fortius. Il s'agit d'être meilleur, plus rapide, plus fort. On reconnaît<br />
les trois adverbes prônés par Pierre de Coubertin.<br />
Le suj<strong>et</strong> n'a pas d'obligation morale à être meilleur, à être meilleur que les autres, ou à devenir<br />
meilleur que ce qu'il a réussi à être actuellement. Il n'y a pas d'obligation morale, mais c'est une<br />
possibilité <strong>éthique</strong>, c'est une valeur. Une valeur qu'il faut reconnaître, que tous doivent reconnaître<br />
comme possibilité. Mais c'est une valeur que la personne humaine n'a pas l'obligation <strong>éthique</strong>,<br />
morale de poursuivre <strong>et</strong> de m<strong>et</strong>tre en œuvre.<br />
Mais dans notre culture, il y a une forte pression psychologique <strong>et</strong> sociale à devenir toujours plus<br />
humain, plus fort, plus brillant, plus productif, meilleur que les autres, ou plus fondamentalement<br />
que soi-même au temps présent ou passé.<br />
Au plan économique, il ne suffit pas d'être bon; il faut être meilleur, toujours davantage. Au plan<br />
politique aussi, dès lors que l'on dépend du choix des électeurs, on préfère les meilleurs, les plus<br />
brillants.<br />
Nous sommes inscrits dans une culture de la réussite, de la performance. Un auteur comme Alain<br />
Ehrenberg a montré de façon très convaincante dans ses publications que la recherche de la<br />
réussite <strong>et</strong> de la performance se r<strong>et</strong>rouve aussi bien dans le sport que dans la vie sociale. Ces<br />
<strong>valeurs</strong> sont caractéristiques de la modernité.<br />
Une culture de la performance r<strong>et</strong>rouve son image dans le sport, dans la recherche de<br />
performance sportive. Les sportifs, par choix, par libre choix, recherchent la performance. Ils sont<br />
éventuellement bons dès le point de départ, mais s'attachent à devenir meilleurs. Ils cherchent à<br />
devenir meilleurs que ce qu'ils sont déjà, à devenir meilleurs que d'autres.<br />
C<strong>et</strong>te recherche de performance n'est pas comprise comme une valeur humaine par tous. Certains<br />
sont méfiants vis-à-vis d'elle, regr<strong>et</strong>tent c<strong>et</strong>te course à la performance économique ou sportive.<br />
D'autres la refusent comme indigne de l'homme, comme contraire à la dignité singulière de chaque<br />
être humain.<br />
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