Sport et éthique: valeurs et normes - Wielersportboeken
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développer la pratique du sport <strong>et</strong> de l’éducation physique à l’école. On continue à opposer avec<br />
fanatisme l’<strong>éthique</strong> du travail à la pratique sportive, comme si celle-ci constituait une perte de<br />
temps. On considère toujours qu’il n’y a pas de salut en dehors des branches intellectuelles, même<br />
si l’on sait que les jeunes d’aujourd’hui acquièrent près de 70 % de leurs connaissances en dehors<br />
de l’école (société de l’information).<br />
On s’en tient toujours à l’organisation de la journée scolaire telle qu’elle existait à l’époque de<br />
Charlemagne (en 800 après Jésus-Christ), bien que l’on sache que les jeunes ont aujourd’hui un<br />
tout autre emploi du temps <strong>et</strong> donc aussi des heures de repos entièrement différentes (télévision,<br />
loisirs en soirée, …). En les observant, on constate que vers 11 heures du matin <strong>et</strong> 15 heures, plus<br />
de 70 % des jeunes bâillent. Le bâillement trahit une diminution de l’irrigation du cerveau (fatigue,<br />
faim, désintérêt). Pourtant, on persiste à vouloir plonger les jeunes à ce moment-là dans l’étude<br />
de toutes sortes de savoirs alors que la solution ne pourrait venir que de l’exercice d’une activité<br />
physique.<br />
Pierre de Coubertin l’avait déjà compris <strong>et</strong> voulait introduire un temps de repos obligatoire après<br />
le déjeuner.<br />
Comment le baron de Coubertin en est-il arrivé à s’intéresser tellement au sport à l’école ? C’est<br />
surtout lors de ses nombreux voyages d’étude que son intérêt pour c<strong>et</strong>te question s’est éveillé. Tant<br />
en Angl<strong>et</strong>erre qu’en Amérique du Nord, il découvrit des systèmes scolaires orientés sur le sport <strong>et</strong><br />
il constata l’explosion des clubs sportifs. Il se passionna pour des mouvements sportifs basés sur<br />
les doctrines du chapelain Kinsley <strong>et</strong> de Thomas Arnold <strong>et</strong> fut touché de voir les Anglais pratiquer<br />
un sport de leur plein gré. Même s’il jugea la gymnastique allemande superficielle, il l’apprécia pour<br />
son efficacité <strong>et</strong> sa discipline. Il pensait que la jeunesse américaine était promise à un bel avenir<br />
parce que le système éducatif de ce pays combinait la mentalité désintéressée des Anglais <strong>et</strong> la<br />
discipline allemande. Il entendait surtout par "mentalité désintéressée" le fait de décider<br />
librement de fournir un effort pour l’effort, ce qui produisait au bout du compte une discipline<br />
doublement efficace puisque librement consentie. Ces observations <strong>et</strong> d’autres études approfondies<br />
l’amenèrent à la conclusion qu’il y avait une corrélation significative entre la mentalité, les<br />
ambitions <strong>et</strong> les pratiques des peuples d’une part, <strong>et</strong> la façon dont les exercices physiques étaient<br />
compris <strong>et</strong> organisés d’autre part. Tout cela incita de Coubertin à écrire des dizaines de<br />
publications sur ce suj<strong>et</strong>, mais aussi à élaborer différents modèles scolaires qui cherchaient à<br />
réaliser un développement parfaitement harmonieux des principaux éléments de la personnalité. A<br />
la demande de Léopold II, qui était un ardent défenseur de l’olympisme, il mit au point un<br />
modèle scolaire adapté au contexte belge.<br />
Le Collège Léopold II<br />
Avec le soutien du gouverneur de la province de Hainaut, il répondit favorablement à la demande<br />
du Roi des Belges <strong>et</strong> développa un nouveau modèle d’école, "le Collège Léopold II", en se basant<br />
sur les principes aussi bien du gymnase grec que des systèmes anglo-saxons dont nous avons parlé<br />
plus haut (Locke, Arnold, …). Un programme pédagogique original <strong>et</strong> très futuriste à bien des<br />
égards comprenait tous les éléments qui visaient une formation complète. La journée devait<br />
systématiquement commencer avec une demi-heure de gymnastique correctrice (suédoise en<br />
l’occurrence). Dans le courant de la journée, une demi-heure était consacrée à la gymnastique<br />
utilitaire, qui perm<strong>et</strong>tait d’introduire, de différentes manières <strong>et</strong> avec différents moyens, des<br />
éléments de sauv<strong>et</strong>age, de défense <strong>et</strong> de motricité. Enfin, deux heures <strong>et</strong> demie de sport étaient<br />
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