Sport et éthique: valeurs et normes - Wielersportboeken
Sport et éthique: valeurs et normes - Wielersportboeken
Sport et éthique: valeurs et normes - Wielersportboeken
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
86<br />
Il faut aussi que la personne s'interdise des pratiques condamnées par la loi ou par la morale. Le<br />
dopage est un risque; mais c'est un risque lié à un comportement inacceptable moralement <strong>et</strong><br />
légalement. Le manque de sécurité, le manque de sérieux, ne peuvent être acceptés ni dans le sport,<br />
ni ailleurs. Il n'y a pas ici d'exception sportive.<br />
Il est légitime <strong>et</strong> nécessaire de se protéger contre les risques, par un système d'assurances. Mais une<br />
personne ou une société ne peut pas s'assurer contre les suites pénales d'un délit. Par contre, il est souhaitable<br />
que le sportif s'assure contre les dommages, les accidents, les dégâts, les blessures qu'il provoque<br />
chez lui-même ou chez d'autres, sans faute délibérée de sa part, ou sans négligence coupable.<br />
La prise de risque suppose la liberté <strong>et</strong> le jugement de la personne qui prend le risque (ou des groupes<br />
qui le prennent). Si quelqu’un n'est pas en mesure d'apprécier le risque, son caractère raisonnable ou<br />
non, proportionné ou non, il ne peut pas s'engager dans la voie du risque réel <strong>et</strong> caractérisé. Revient<br />
ici le problème déjà évoqué à propos de la passion: l'enfant, le jeune ne peut être incité, encouragé,<br />
contraint à pratiquer un sport, une activité qui comporte des risques caractérisés. Les parents, les<br />
clubs, les entraîneurs ne peuvent pas se substituer à l'enfant pour prendre des risques réels, sérieux,<br />
à sa place. Ceci constitue un problème grave, me semble-t-il, dans le sport contemporain.<br />
Il faut distinguer les risques bénins des risques importants, sérieux, graves, qu'ils soient<br />
raisonnables ou non, proportionnés ou non. Les risques bénins sont des risques réels, mais minimes.<br />
L'éducation doit porter les personnes à assumer ce genre de risques bénins. Il n'est pas possible de<br />
vivre, si on n'est pas en mesure de le faire, si on n'est pas taillé, éduqué pour<br />
affronter ce type de risques. Mais même ces risques bénins demandent aussi à être vécus de<br />
manière prudente, raisonnable, sans méchanc<strong>et</strong>é, sans négligence, vis-à-vis de soi <strong>et</strong> des autres. Ici<br />
aussi il est sage de prendre les précautions nécessaires, de recevoir les formations <strong>et</strong> les<br />
instructions utiles, de prévoir des interventions efficaces, rapides, bien coordonnées en cas de chute,<br />
blessure, même relativement légère.<br />
Il existe des risques imaginaires; des risques irréels, n'existant que dans l'imaginaire. Certes, tout peut<br />
arriver, y compris le pire. Mais ce n'est pas pour autant que l'on parlera de risque. Il n'y a de risque,<br />
que là où une conséquence négative est de façon prévisible liée à une attitude, une<br />
pratique, au moins un certain nombre de fois. Imaginer que le bâtiment où je travaille pourrait<br />
s'effondrer, alors que les services de sécurité fonctionnent normalement, ce n'est pas se trouver en<br />
présence d'un risque réel. Si cela arrivait, il s'agirait alors d'un accident imprévisible, non d'un risque.<br />
Par contre, rouler en voiture dans une forêt par temps de tempête est un risque réel; on peut être<br />
amené à l'assumer si on veut porter secours à des personnes en difficulté. Faire une escalade en<br />
montagne, quand il y a risque d'avalanche, ou affronter une mer difficile, on s'expose là à des risques<br />
réels; les prendre se justifie, s'il s'agit de faire une intervention de secours urgente <strong>et</strong> si les<br />
précautions nécessaires sont prises. Intervenir auprès de populations en situation de détresse dans des<br />
pays déchirés par la guerre civile, comme le font les membres de certaines O.N.G. dans un but<br />
humanitaire, c'est prendre un risque réel. Ceux qui le prennent font une œuvre bonne <strong>et</strong><br />
témoignent que l'être humain, capable des pires dérèglements, peut aussi accomplir des gestes<br />
admirables. On a vu de ces jours-ci des militaires sud-africains portant en hélicoptère, dans des<br />
conditions difficiles, des secours d'urgence aux innombrables victimes des inondations<br />
catastrophiques du Mozambique; ces opérations de secours comportaient des risques réels.<br />
Mais qui n'était pas sensible à la beauté, au caractère exemplaire de ces interventions dont le<br />
caractère <strong>éthique</strong> était évident?