17.08.2013 Views

View/Open - Dalhousie University

View/Open - Dalhousie University

View/Open - Dalhousie University

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Nous constatons ici, une fois de plus, que Marie-Claire Blais privilégie le prêtre-<br />

ouvrier. Le pasteur Jérémy est présenté d‟une manière plus sympathique que les autres<br />

prêtres. Jérémy vit et travaille dans sa communauté. Il n‟est pas élitiste, et il ne s‟isole<br />

pas de ses voisins. Le révérend Paul, par contre, se trouve critiqué à cause de sa vie de<br />

luxe. 7<br />

Dans la citation précédente, nous notons les difficultés qu‟a le pasteur Jérémy<br />

avec ses enfants. Comme père biologique, Jérémy fait de son mieux pour guider ses<br />

enfants, cependant ils se rebellent contre lui.<br />

Dans cette famille, c‟est la mère qui impose la discipline, non pas le père. Bien<br />

que Jérémy ne punisse pas ses enfants physiquement, il renforce l‟autorité de sa femme.<br />

Il demande à ses filles : « que dira votre mère si vous salissez vos robes dans la boue,<br />

[…] une tape sur la joue, c‟est ainsi que vous serez punies par votre mère, vous serez<br />

tout ébranlées et on vous entendra encore pleurnicher à l‟église » (SF 22). Bien qu‟il<br />

rappelle à ses enfants les punitions que leur imposera leur mère s‟ils ne se comportent<br />

pas convenablement, Jérémy semble détaché de cette situation, et agit plutôt comme un<br />

observateur qu‟une autorité.<br />

La première responsabilité de Jérémy semble être sa paroisse, toutefois, il<br />

s‟occupe de ses enfants : « c‟était le jour de la course des bateaux, mais il avait plu et le<br />

pasteur avait ouvert son parapluie noir sur la plage pour abriter Deandra et Tiffany » (SF<br />

80). De plus, son fils, le Toqué, ne marche pas bien, et son père « le port[e] vers<br />

l‟autobus scolaire dans ses bras » (SF 68).<br />

Malgré ces gestes de tendresse envers tous ses enfants, le pasteur Jérémy préfère<br />

ses fils. Il se demande même pourquoi Dieu lui a donné des filles : « ces filles fardées de<br />

rouge, les siennes, les lèvres boursouflées, c‟était l‟enflure du désir, de l‟appétit sexuel,<br />

pourquoi Dieu avait-Il décidé dans sa sagesse qu‟il y eût des filles, il avait déjà bien<br />

assez de soucis avec Carlos et ses autres fils » (SF 30). Les filles dans sa communauté<br />

représentent le désir sexuel. Elles n‟ont pas les mêmes possibilités professionnelles que<br />

les garçons. Ainsi, les pères, comme le pasteur Jérémy, s‟inquiètent davantage pour<br />

leurs filles que pour leurs fils : « les jumelles Deandra et Tiffany, […] que feraient-elles<br />

plus tard, il valait mieux ne pas y penser, qui sait si les décisions du ciel sont rusées, on<br />

ne pouvait rien y comprendre » (SF 30).<br />

104

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!