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« Il y avait peu à manger, mais le père et les fils aînés avaient un appétit brutal dont<br />

s‟indignait Grand-Mère Antoinette » (SVE 26). Les fils aînés sont vus de la même<br />

manière que leur père : ils travaillent la terre et soutiennent la famille, et donc, ils ont les<br />

mêmes droits que lui. Ils prennent tous plus que les autres membres de la famille. Ils<br />

croient que, parce qu‟ils travaillent toute la journée, ils méritent la plus grande portion de<br />

nourriture disponible. La grand-mère n‟est pas d‟accord : elle croit que les hommes de la<br />

famille ôtent la nourriture de la bouche des plus jeunes. Ces hommes prennent trop, ainsi<br />

ressent-on trop leur présence ; ils sont « trop-pleins ».<br />

En outre, ce n‟est pas seulement en corrigeant le comportement de ses enfants que<br />

ce père se montre violent. Sa famille doit subir les conséquences de ses mauvaises<br />

humeurs. Jean Le Maigre indique que son père a l‟habitude de battre rudement ses<br />

enfants (SVE 34), même s‟ils n‟ont pas été la cause de son mécontentement : « La messe<br />

de cinq heures fit beaucoup de mal à mon père, et encore une fois, nous fûmes tous<br />

victimes, les uns après les autres, des courants d‟air de sa mauvaise humeur » (SVE 76).<br />

Les enfants vivent dans la terreur de leur père et de sa fureur. Jean Le Maigre explique<br />

que ses frères et lui doivent quitter la maison pour fuir leur père, et que l‟hiver est la pire<br />

saison, car ils ne peuvent pas lui échapper. Mais il remarque : « en été, les bois nous<br />

mettaient à l‟abri de la furie de notre père, et nous avions moins peur de la maison de<br />

correction » (SVE 91).<br />

Le père menace tellement ses enfants que les plus petits ont peur de lui, même<br />

Emmanuel, le nouveau-né. Il ne reconnaît pas son père, mais plutôt son ombre :<br />

Il reverrait plusieurs fois, en vieillissant, cette silhouette brutale allant et<br />

venant dans la chambre. N‟était-ce pas lui l‟étranger, l‟ennemi géant qui<br />

violait sa mère chaque nuit, tandis qu‟elle se plaignait doucement à voix<br />

basse. (SVE 127).<br />

Il ne voit pas son père comme un homme, mais comme « l‟ennemi » qui viole sa mère<br />

toutes les nuits. Emmanuel, en dépit de son jeune âge, trouve son père menaçant. Son<br />

père le sépare de sa mère et le terrifie : « La nuit, il dormait dans la même chambre que<br />

ses parents, séparé de sa mère par l‟ombre de son père qui enveloppait d‟une terreur<br />

sacrée ses rêves du présent comme ceux de l‟avenir » (SVE 126-127). Emmanuel<br />

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