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de père spirituel, il offre des conseils à Pauline et devient un substitut paternel pour elle.<br />
L‟analyse de ce personnage conduit à la conclusion qu‟un seul père ne peut pas subvenir<br />
à tous les besoins de ses enfants. 20<br />
Le père est, traditionnellement, une figure respectée et révérée dans la famille : on<br />
obéit à ses décisions car il est sage. Le grand-père Onézimon est une de ces figures, ou du<br />
moins, l‟a été : dans le passé, il était le pourvoyeur financier de sa famille, et on respectait<br />
son autorité. Cependant, Onézimon n‟est plus traité de la sorte. Dans le récit, il est vieux,<br />
et personne ne l‟écoute plus ; il a perdu son autorité.<br />
Ses enfants sont devenus adultes et ils sont plus instruits que lui. Même les petits-<br />
enfants d‟Onézimon mettent en question ses connaissances. Pauline remarque que son<br />
grand-père veut participer à la vie de ses petits-enfants : « quand grand-père Onézimon<br />
prenait Bérangère sur ses genoux „pour la faire sauter dans l‟air comme un ballon‟, il me<br />
disait simplement à moi : Ŕ On va faire notre lecture ensemble et nos devoirs ! » (LAP<br />
228). Pauline est trop mûre pour jouer de la même manière que Bérangère, donc il offre<br />
de l‟aider avec ses devoirs. Toutefois, Pauline sait qu‟elle est plus instruite que son<br />
grand-père : « [elle] l‟accusai[t] „de ne pas savoir lire‟ » (LAP 228). Face à cette<br />
accusation, Onézimon fait semblant de lire ce qui est écrit sur la page en examinant les<br />
illustrations. Ensuite, il conjugue le verbe pleuvoir. Sa fille l‟entend par hasard et elle le<br />
corrige : « Ŕ Sans vous manquer de respect, papa, […] ça ne se conjugue pas comme le<br />
verbe avoir, non, papa ! » (LAP 228). Confronté à sa propre ignorance, Onézimon refuse<br />
d‟admettre qu‟il a tort : « Ŕ Tu connais rien là-dedans, l‟instruction, qui a dit que c‟était<br />
pour les femmes? Viens, Pauline, y faut toujours que les femmes vous rabaissent le<br />
caquet ! » (LAP 228). Il exprime avec humour son mécontentent face à son manque<br />
d‟autorité.<br />
Ces échanges se font d‟une manière enjouée. Onézimon ne se fâche pas contre sa<br />
fille pour l‟avoir corrigé. Il accepte que ses enfants soient plus instruits que lui, et que lui-<br />
même ne sait pas tout. Pauline, parce qu‟elle est plus âgée, constate que son grand-père<br />
fait des erreurs. Pour les enfants, les pères sont comme des dieux : on ne questionne ni<br />
leur sagesse ni leur autorité. Pourtant, pour les jeunes adultes comme Pauline, les pères<br />
deviennent plus humains : on voit leurs faiblesses. Il est normal que les jeunes surpassent<br />
leurs parents. Il le faut même, pour qu‟ils apprennent comment être un homme ou une<br />
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