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survivre seul, sans sa famille. Ainsi, il commence à voir les faiblesses des figures<br />
paternelles dans sa vie : « Arnie Graal, Daniel, son père, étaient d‟une génération<br />
anachronique, pensait Samuel, ils seraient vite dépassés par les plus jeunes » (DFL 104).<br />
Il s‟interroge sur la justesse de leurs enseignements :<br />
[N]e serait-ce démoralisant si son père, Arnie, avaient aussi raison, et que<br />
l‟espérance de la jeunesse, naïve et sans expérience, ne fût qu‟un leurre, non<br />
Samuel ne pouvait le croire, ils sont ennuyeux, surannés, ce sont mes parents,<br />
mes professeurs, sans penser en même temps, même si leurs idées me pèsent,<br />
que serais-je sans eux? (DFL 104)<br />
Samuel est à la fois assez jeune pour croire que ses figures paternelles ont tort à<br />
cause de leur âge, et assez mûr pour se rendre compte qu‟il est peut-être aveugle à la<br />
sagesse de leurs paroles. Samuel est en train de devenir adulte : il a trouvé sa carrière<br />
dans la danse et il n‟a plus besoin de son père pour le soutenir.<br />
Cependant, Daniel a des difficultés à accepter le fait qu‟il vieillit. Quand Samuel<br />
lui dit qu‟il est âgé, il veut rétorquer « mais je n‟ai pas même quarante ans » (DFL 184)<br />
et il se demande « qui lui a donc mis en tête cette idée que son père était vieux? » (DFL<br />
184). Daniel pousse son aîné vers l‟indépendance, car il s‟inquiète de son avenir,<br />
pourtant les conséquences le troublent.<br />
Examinons maintenant la relation entre Daniel et Vincent, le plus jeune garçon<br />
de la famille. Avec sa difficulté à respirer, Vincent est perçu comme le plus fragile de<br />
tous les enfants. Parce que Vincent a survécu à peine à l‟enfance, ses parents s‟occupent<br />
de lui plus que les autres. Ils appliquent des règles spécifiques pour lui (par exemple, on<br />
ne le laisse pas voyager sur le bateau de Samuel). Malgré toutes ces précautions, c‟est<br />
avec Vincent que Daniel révèle sa négligence :<br />
[C]e jour où Vincent avait failli succomber à une crise, en mer, croyant en la<br />
permanence d‟un ciel bleu, Daniel avait oublié à la maison le médicament<br />
qu‟il devait prendre toutes les heures, la perspective d‟un voyage en voilier en<br />
compagnie de Vincent effaçait tout danger, toute menace qui auraient dû être<br />
toujours présents à son esprit. (DFL 44)<br />
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