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quand tu avais cinq ans » (TB 57). Les absences du père rendent ces visites possibles.<br />
Evans les associe à des moments de bonheur : il peut voir sa mère sans crainte d‟être<br />
renvoyé par son père.<br />
L‟absence physique du père d‟Evans devient permanente. Celui-ci abandonne sa<br />
famille. La mère d‟Evans informe son fils du départ de son père ainsi :<br />
[T]on papa est parti définitivement pour un autre pays. Tu t‟en doutais, je<br />
crois. Il sera plus tranquille sans moi. Cela devait arriver. Quand tu seras plus<br />
grand, il viendra à chacun de tes anniversaires et il t‟apportera des livres très<br />
beaux. (TB 68)<br />
Cet abandon a des conséquences graves pour Evans. Il n‟a plus de famille nucléaire<br />
stable : ses parents ne sont plus ensemble, et tous les rêves qu‟il avait d‟une réunion<br />
heureuse de sa famille sont anéantis.<br />
Ce père abandonne son enfant émotionnellement aussi. Cette absence dans la vie<br />
d‟Evans est plus subtile que l‟abandon physique, et peut être discernée dans le texte<br />
même. Il n‟y a aucun échange de lettres entre Evans et son père. Toute la correspondance<br />
entre Evans et sa famille se fait avec la mère. Ils parlent de son père, mais celui-ci ne<br />
communique jamais avec son fils. Il n‟a aucune présence physique ou émotionnelle dans<br />
sa vie au moment de la narration.<br />
Les souvenirs qu‟Evans garde du temps où il habitait avec sa famille suggèrent<br />
aussi un père « trop-plein ». Ces souvenirs surgissent souvent dans son journal et dans ses<br />
lettres à sa mère. Malgré sa distance physique et émotionnelle, le père d‟Evans a une<br />
influence persistante dans la vie de son fils. 6 Evans écrit à sa mère qu‟il craint qu‟elle ne<br />
soit en danger : « Quand je vivais à la maison, j‟entendais vos disputes, la nuit. Père te<br />
battait et je pensais : „On va casser maman.‟ Je finissais par crier et tu venais me<br />
consoler. Au réfectoire, parfois je frissonne en pensant à toutes ces choses » (TB 48).<br />
Evans se sent impuissant face à son père alcoolique. Il est trop petit, trop jeune et<br />
trop faible pour l‟affronter : « À la maison, quand son père s‟enivrait, Tête Blanche ne<br />
savait que se cacher » (TB 12). Il ne peut ni se protéger lui-même, ni protéger sa mère,<br />
victime de ce père enragé. L‟alcoolisme du père, selon la mère, est une des raisons pour<br />
lesquelles Evans a dû quitter la maison. Elle lui écrit : « Ton papa bientôt ne boira plus ;<br />
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