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oîtes de conserve „Bébé a faim‟… » (JJ 38). Ti-Pit fait ce qu‟il peut pour aider sa petite-<br />
amie et son enfant. Lorsque la mère du bébé suggère que : « [d]e la viande à chiens ou à<br />
chats irait pareille », Ti-Pit rejette l‟idée (JJ 38). Malgré ses efforts pour s‟occuper de<br />
l‟enfant, sa petite amie le quitte pour trouver un autre homme qui, ayant plus d‟argent,<br />
peut « l‟épauler » (JJ 39).<br />
La paternité est refusée à Ti-Pit à cause de sa pauvreté : il n‟a pas de ressources.<br />
Sans qu‟il y ait faute de sa part, et malgré les soins qu‟il veut apporter au bébé, Ti-Pit<br />
perd la possibilité d‟être son père (nous examinerons de plus près l‟influence des<br />
circonstances immuables sur la paternité dans la section 5.9).<br />
Les figures de père que nous examinerons à présent sont plus égoïstes que ne l‟est<br />
Ti-Pit. Ils négligent leurs enfants, et ils ne sont pas réalistes par rapport à leurs attentes.<br />
Papineau, bon camarade communiste, fait souffrir ses enfants. Il prétend suivre<br />
l‟idéologie communiste, et il exige que sa famille vive d‟une manière spartiate. Ses<br />
convictions nuisent à ses enfants. Il leur refuse les soins médicaux quand ils sont<br />
malades. Papillon l‟interroge :<br />
Tu n‟as pas un peu de peur pour ton jumeau, le petit Blaise Papineau? Il<br />
semble souffrant…<br />
Ŕ Ce n‟est qu‟une pneumonie, il n‟en mourra pas, dit Papineau.<br />
Ŕ Il n‟a pas l‟air bien, je trouve…<br />
Ŕ Vous autres, petits-bourgeois, vous êtes trop complaisants avec la<br />
maladie ; nous, la maladie comme la mort ne nous effraie pas. Notre but est<br />
ailleurs.<br />
Ŕ Tu ne veux quand même pas le perdre, ton petit Blaise ?<br />
Ŕ Je ne vis pour lui mais pour ma cause. Il guérira, il le faut. (JJ 83)<br />
Prêt à le sacrifier, Papineau refuse d‟appeler un médecin pour son fils.<br />
Ainsi, sa femme a trop de responsabilité. Quand ses enfants se plaignent d‟avoir<br />
froid, elle réplique qu‟elle a déjà fait tout ce qu‟elle peut pour eux : elle a acheté une<br />
chaufferette et a doublé leur tente (JJ 258). Elle ne peut plus tolérer leurs plaintes, et elle<br />
leur demande de s‟adresser à leur père. Elle insulte même ce dernier : « C‟est un homme<br />
qui n‟est pas un vrai camarade pour vous autres. Il n‟est pas digne de s‟appeler votre<br />
père » (JJ 258-259). Papineau laisse tout le travail d‟élever les enfants à sa femme. Il ne<br />
s‟occupe pas de leur santé, ni de leur alimentation, ni de leur bien-être en général.<br />
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