Stabilité des talus : 2. Déblais et remblais
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non corrigés de la résistance au cisaillement atteint parfois<br />
3 ou 4, ou pour les argiles molles où le court terme est<br />
éphémère. Lors d'analyse en contraintes effectives, pour<br />
une stabilité à long terme (ruptures après plusieurs dizaines<br />
d'années) on observe également pour l'argile de<br />
Londres, raide <strong>et</strong> fissurée, <strong>des</strong> coefficients de sécurité de<br />
1,6 à <strong>2.</strong> Pour le déblai dans une argile contenant <strong>des</strong><br />
anciennes surfaces de glissement (Seattle Freeway) les<br />
ruptures correspondent à la mobilisation de la résistance<br />
résiduelle. Les métho<strong>des</strong> de calcul peuvent être mises en<br />
cause, mais elles fournissent toutes <strong>des</strong> résultats voisins<br />
(la dispersion étant de l'ordre de grandeur <strong>des</strong> erreurs de<br />
mesures) <strong>et</strong> pourquoi traduiraient-elles la réalité dans un<br />
certain nombre de cas <strong>et</strong> pas dans d'autres? Il convient<br />
plutôt de s'interroger sur les caractéristiques mécaniques<br />
utilisées dans les calculs. La résistance au cisaillement<br />
d'un sol en place dépend de nombreux facteurs. Nous<br />
pouvons nous reporter à l'analyse présentée par<br />
L. Bjerrum (1967) concernant les propriétés <strong>des</strong> argiles<br />
plastiques surconsolidées. Schématiquement, lors du processus<br />
de formation <strong>des</strong> dépôts argileux, les contraintes<br />
effectives augmentent jusqu'à une certaine valeur maximale<br />
caractérisant l'état de préconsolidation. Sous c<strong>et</strong> état<br />
de contrainte maximale <strong>des</strong> liaisons se créent aux points<br />
de contact entre les particules, rendant la structure plus<br />
résistante <strong>et</strong> moins élastique. Ces liaisons, dites de « diagénèse<br />
» confèrent au sol une certaine énergie qui aura<br />
tendance à se libérer lors du déchargement. Si l'énergie<br />
stockée est importante, le déchargement ne suffit pas à la<br />
libérer complètement <strong>et</strong> le sol, dans son état actuel,<br />
possède encore <strong>des</strong> liens de diagénèse. Leur libération<br />
progressive se traduit par une augmentation <strong>des</strong> contraintes<br />
horizontales (le sol ne peut se déplacer que dans la<br />
direction verticale) <strong>et</strong> par <strong>des</strong> mouvements de cisaillement<br />
qui peuvent créer <strong>des</strong> zones de ruptures locales, voire un<br />
réseau de fissuration. Ainsi apparaissent, à côté du rôle<br />
joué par la pression interstitielle, d'autres causes pouvant<br />
fournir une explication aux ruptures différées. Habituellement<br />
ces causes (libération d'énergie par gonflement ou<br />
par altération, diminution de la résistance avec l'accroissement<br />
du temps de chargement, <strong>et</strong>c.), qui ne dépendent<br />
pas de l'accroissement de la pression interstitielle, sont<br />
classées sous le vocable général d'eff<strong>et</strong> rhéologique.<br />
On conçoit donc que la résistance au cisaillement mobilisable<br />
en place pour un sol donné dépend :<br />
— de son histoire géologique <strong>et</strong> mécanique (son mode de<br />
formation, les contraintes <strong>et</strong> les déplacements subis<br />
antérieurement);<br />
— du chemin (valeur <strong>et</strong> vitesse de variation) <strong>des</strong> contraintes<br />
appliquées pendant <strong>et</strong> après les travaux;<br />
— du degré de saturation, <strong>des</strong> conditions de drainage, de<br />
la température;<br />
— <strong>des</strong> forces entre les particules, de la nature du fluide<br />
interstitiel, de la structure du matériau;<br />
— de l'indice <strong>des</strong> vi<strong>des</strong> lors de la rupture, <strong>et</strong>c.<br />
Tous ces facteurs ne peuvent pas être r<strong>et</strong>enus lors de la<br />
mesure de la résistance au cisaillement. Nous sommes<br />
capables de mesurer trois types de paramètres de résistance<br />
au cisaillement :<br />
— C la résistance maximale non drainée (en place au<br />
scissomètre <strong>et</strong> au pressiomètre, au laboratoire en compression<br />
simple <strong>et</strong> à l'essai triaxial non drainé);<br />
— c' <strong>et</strong> çp', la résistance maximale drainée (essai triaxial<br />
drainé ou non drainé avec mesure de la pression interstitielle,<br />
boîte de cisaillement direct).<br />
— <strong>et</strong> «p'res, la résistance résiduelle ou ultime où la<br />
cohésion c' res est très proche de zéro (à la boîte de<br />
Ruptures de déblai d'environ trois mètres de hauteur sur plusieurs<br />
centaines de mètres dans les argiles altérées de l'Oxfordien. La<br />
partie supérieure qui n'a pas glissée, est du limon (autoroute<br />
A 13).<br />
cisaillement alterné, à l'appareil de cisaillement annulaire,<br />
à l'appareil triaxial sur échantillons prédécoupés).<br />
Pour prendre en compte certains facteurs déterminant la<br />
résistance au cisaillement mobilisable en place, il est<br />
possible de joindre aux paramètres mesurés ci-<strong>des</strong>sus <strong>des</strong><br />
coefficients correctifs. C<strong>et</strong>te démarche proposée par<br />
A. W. Skempton <strong>et</strong> J. Hutchinson (1969) a été développée<br />
dans les LPC, les principaux résultats sont exposés dans<br />
l'article Résistance au cisaillement <strong>des</strong> argiles rai<strong>des</strong>.<br />
Influence <strong>des</strong> paramètres d'essais de F. Blondeau, J.-C.<br />
Bliv<strong>et</strong>, Ung Seng Y.<br />
Outre les facteurs agissant sur la résistance au cisaillement<br />
en place, il convient de ne pas oublier que l'échantillonnage<br />
est le premier risque de modification <strong>des</strong> caractéristiques<br />
mécaniques d'un sol <strong>et</strong> que le prélèvement doit être<br />
aussi soigné que possible; ne pouvant éviter les variations<br />
de contraintes totales, il importe de diminuer le remaniement<br />
mécanique par le choix d'une technique adaptée au<br />
matériau (carottier à piston stationnaire pour sol mou,<br />
éventuellement prélèvement manuel de blocs dans les<br />
argiles rai<strong>des</strong> fissurées, <strong>et</strong>c.).<br />
MÉCANISME DE LA RUPTURE<br />
Schématiquement, l'analyse de la rupture d'un sol peut<br />
être précisée par deux démarches différentes : d'une part,<br />
en approfondissant la nature physique du phénomène<br />
global appelé résistance au cisaillement, cela en se situant<br />
jusqu'au niveau de la particule microscopique, d'autre<br />
part, en affinant l'analyse mécanique utilisée par l'ingénieur<br />
dans les proj<strong>et</strong>s. Ces deux aspects sont parfois<br />
convergents comme nous le verrons dans la notion de<br />
cohésion mobilisable au paragraphe « paramètres de l'analyse<br />
de la stabilité».<br />
Aspects microscopiques<br />
Dans l'analyse <strong>des</strong> éléments composant la résistance au<br />
cisaillement due à T. W. Lambe (1960), on distingue<br />
(fig. 8) :<br />
— la cohésion, due aux liens de cimentation entre les<br />
particules. Elle est mobilisée pour de très faibles déformations<br />
puis elle est détruite (courbe 1);<br />
— V interférence <strong>des</strong> particules non argileuses provoquant<br />
une tendance à l'accroissement du volume (la dilatance)<br />
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