Stabilité des talus : 2. Déblais et remblais
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La vitesse de creusement du surplomb est extrêmement<br />
variable mais décroît au fur <strong>et</strong> à mesure que la profondeur<br />
croît. Celle-ci n'évolue pratiquement plus pour une valeur<br />
dépendant de l'épaisseur du banc érodé. On a pu constater,<br />
par exemple, que dans les grès <strong>des</strong> Vosges, où<br />
l'altération différentielle <strong>des</strong> différents bancs subhorizontaux<br />
est très apparente, c<strong>et</strong>te profondeur n'excède pratiquement<br />
pas une valeur égale à la moitié de l'épaisseur du<br />
banc. L'éboulement peut se produire à la faveur d'une<br />
fracture plus ou moins verticale ou parallèle à la falaise,<br />
ou de deux fractures qui s'intersectent à l'arrière de la<br />
falaise. Ces fractures correspondent à un système de<br />
diaclases ou de failles du massif rocheux. On est souvent<br />
confronté à une situation où la masse en surplomb, qui<br />
menace de s'ébouler, est limitée vers l'arrière par une<br />
fissure ou un système de fissures gravitaires dont il est<br />
difficile d'apprécier la continuité, <strong>et</strong> de déterminer le<br />
prolongement éventuel en arrière de la zone actuellement<br />
en surplomb. D'autre part, la profondeur du surplomb est<br />
irrégulière <strong>et</strong> il peut subsister <strong>des</strong> piliers latéraux reprenant<br />
au moins en partie le poids de la masse en surplomb.<br />
Les éboulements sont aussi assez fréquents dans les<br />
formations rigi<strong>des</strong> surmontant <strong>des</strong> formations plus plastiques<br />
<strong>et</strong> plus déformables. On trouve de nombreuses traces<br />
d'éboulements au pied <strong>des</strong> falaises calcaires du Jurassique<br />
supérieur ou de l'Urgonien <strong>des</strong> chaînes subalpines. Ces<br />
puissantes formations calcaires surmontent <strong>des</strong> marnes ou<br />
<strong>des</strong> marno-calcaires qui forment un <strong>talus</strong> recouvert<br />
d'éboulis ayant généralement une pente très légèrement<br />
supérieure à 40". Le tassement <strong>et</strong> le fluage <strong>des</strong> formations<br />
plastiques sous-jacentes sont à l'origine de la fissuration<br />
<strong>et</strong> m<strong>et</strong>tent progressivement en déséquilibre les pans<br />
rocheux. La colonne de 35 m de haut dont l'éboulement a<br />
menacé un quartier de la ville de Nantua, au cours de l'été<br />
1973, est un exemple typique de ce phénomène. Dans ce<br />
cas on a pu mesurer un lent basculement plus ou moins<br />
parallèle à la falaise jusqu'à l'éboulement final (fig. 13).<br />
Il convient d'analyser plus complètement quelles sont les<br />
conditions mécaniques qui peuvent conduire à l'instabilité<br />
d'un pan de falaise.<br />
Si on considère un pan rocheux limité vers l'arrière par<br />
une fissure quasiment verticale, <strong>et</strong> si on prend globalement<br />
en compte le poids <strong>et</strong> la résistance du rocher, on<br />
obtient un coefficient de sécurité en général très élevé<br />
donné par l'expression :<br />
F = &,<br />
R,<br />
y poids spécifique du rocher,<br />
H hauteur du pan rocheux,<br />
Rc résistance en compression simple du rocher.<br />
Même pour une roche ayant une résistance en compression<br />
peu élevée de 10 MN/m 2<br />
<strong>et</strong> un poids spécifique de<br />
25 kN/m 1<br />
, F est égale à 1 pour H = 400 m. C<strong>et</strong>te analyse<br />
n'est pas acceptable, le pan rocheux étant un solide<br />
élancé, les conditions de stabilité dépendant surtout de la<br />
forme du solide.<br />
Les conditions de stabilité dépendent notamment de la<br />
position de la projection du centre de gravité au niveau de<br />
la surface d'appui considérée (fig. 14). Si la projection est<br />
très excentrée, la distribution <strong>des</strong> contraintes au niveau de<br />
la surface d'appui n'est pas uniforme, il peut en résulter<br />
<strong>des</strong> tassements différentiels qui entraînent de légères<br />
rotations du pan rocheux <strong>et</strong> contribuent ainsi à aggraver la<br />
situation. Ce phénomène est d'autant plus perceptible que<br />
les assises sont plus plastiques <strong>et</strong> plus déformables. Dans<br />
ce cas les mouvements ont surtout lieu après de fortes<br />
pluies ou en période de dégel. Une partie de la face<br />
178<br />
Fig. 13. — La colonne de Nantua. Le mouvement de basculement<br />
se produisait vers la gauche avec une rotation autour du point C.<br />
3) par basculement<br />
G<br />
Traction<br />
t ' II<br />
fft=-mL (,_6j,) T„<br />
h—"—H<br />
W = myLH<br />
b) par rupture du pied<br />
Compression<br />
Fig. 14. — Schémas types d'éboulement de pans rocheux (on<br />
donne à titre d'indication la distribution <strong>des</strong> contraintes supposée<br />
linéaire sur le plan horizontal correspondant à la base de la<br />
fracture arrière.<br />
d'appui peut devenir entièrement décomprimée, <strong>des</strong> tractions<br />
faibles peuvent même apparaître, mais étant donné<br />
la faible valeur de la résistance en traction, elles peuvent<br />
être négligées. A l'inverse d'autres zones peuvent être<br />
fortement comprimées <strong>et</strong> on peut même parfois observer<br />
<strong>des</strong> ruptures en compression simple. On assiste alors soit à<br />
un basculement progressif de la masse rocheuse vers le<br />
vide, soit à une rupture du pied du pan rocheux. L'un <strong>et</strong>