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Société<br />
Best of LG 193 - Décembre 2016<br />
Les secours venus du ciel<br />
«J’ai l’habitude de dire que nous sauvons une vie par jour», déclare le souriant René<br />
Closter. Originaire de Troisvierges, il est le président et fondateur du Luxembourg Air Rescue<br />
(L.A.R.), l’organe luxembourgeois de transport aérien d’urgence, de rapatriement de personne<br />
et de transfert d’organe. Rencontre avec cet ancien pompier obstiné, qui a su par<br />
son dynamisme et sa force de caractère surmonter les obstacles pour créer une absl qui<br />
rallie chaque point du pays en dix minutes, mais ne s’arrête pas aux frontières.<br />
“<br />
Je me suis lancé<br />
dans cette aventure tout<br />
seul puisqu’aucune institution<br />
ne me soutenait<br />
”<br />
Sortie de l’œuf<br />
Tout commence avec un accident. Dans la<br />
commune de Steinsel, un petit garçon tout<br />
juste descendu de son bus scolaire est renversé<br />
par une benne à ordures. L’un de ses pieds<br />
est sectionné. «Nous devions l’emmener<br />
rapidement au Centre Hospitalier de Toul,<br />
au-delà de Nancy, pour essayer de sauver son<br />
pied», se souvient René Closter. A l’époque,<br />
il est pompier professionnel. Vu l’urgence de<br />
la situation, les secours tentent de faire venir<br />
un hélicoptère de l’étranger pour prendre en<br />
charge l’enfant. D’Allemagne, de France ou<br />
de Belgique: aucun n’est disponible. «Nous<br />
avons dû emmener ce petit gars en ambulance.<br />
Il était sous le choc mais conscient, et<br />
il demandait sans cesse: “Monsieur, ou est<br />
mon pied?”. Difficile de lui expliquer qu’il<br />
se trouvait dans un genre de réfrigérateur»,<br />
raconte-t-il. Malheureusement, cette journée<br />
de juillet 1986 est synonyme de départs en<br />
vacances. L’autoroute est bondée et il faut<br />
quatre heures à l’équipe pour relier l’hôpital.<br />
Tout espoir de greffe est anéanti. «Il avait six ans,<br />
le même âge que mon fils à l’époque», précise-t-il.<br />
Homme de terrain qui comptabilise 14.000<br />
interventions à son actif, René Closter n’est<br />
pas facilement choqué. Mais ce drame le<br />
déstabilise. Il est conscient de l’intensification<br />
générale du trafic routier et des longues<br />
distances pour atteindre certains hôpitaux.<br />
«Ce jour-là, j’ai pris une décision: celle de<br />
créer un service de secours par les airs. Et je<br />
me suis lancé dans cette aventure tout seul<br />
puisqu’aucune institution ne me soutenait».<br />
En effet, l’idée n’est pas nouvelle dans l’esprit<br />
du luxembourgeois. Il l’a déjà proposée aux<br />
politiques et aux professionnels de la santé mais<br />
s’est toujours heurté à un refus catégorique. A<br />
l’époque, le SAMU venait de naître et n’était<br />
pas encore bien intégré dans le paysage. L’Etat<br />
craignait qu’un service héliporté d’urgence ne<br />
soit un gouffre financier. De plus, le Grand-<br />
Duché n’avait jamais disposé d’hélicoptère sur<br />
son territoire. «Tout le monde était contre ce<br />
projet. Mais j’ai pris une hypothèque sur ma<br />
maison et j’ai créé Luxembourg Air Rescue».<br />
Le 18 avril 1988, l’asbl est née.<br />
Envol<br />
Pendant des années, l’association vivote. Son<br />
siège social est installé dans une vieille tente de<br />
l’armée car la majorité du budget est attribué à<br />
la location d’un hélicoptère allemand et de son<br />
pilote. Pendant ce temps, René Closter quitte<br />
son emploi pour un poste de responsable de<br />
la sécurité, puis de directeur de la logistique<br />
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