Guide 2017
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Portrait diplomatique<br />
Best of LG 200 - Juillet <strong>2017</strong><br />
«O país do desassossego»<br />
Au pays de l’intranquilité<br />
Venus pour de meilleurs lendemains, emmenant avec eux<br />
enfants, langue chantante et traditions gorgées d’un soleil du<br />
Sud, les Portugais représentent aujourd’hui un cinquième de<br />
la population nationale. Portrait de Carlos Pereira Marques,<br />
l’ambassadeur du Portugal au Luxembourg, mais aussi d’une<br />
communauté ô combien attachante.<br />
L’Ambassadeur<br />
Les photographies de la fin du XIXème siècle<br />
qui ornent les murs du salon sont des souvenirs<br />
de sa ville natale. Agueda se trouve entre<br />
Porto et Coimbra, dans cette région du centre<br />
du Portugal récemment meurtrie par les<br />
flammes des feux de forêts. L’ambassadeur se<br />
souvient des jeux avec ses cousins dans le jardin<br />
de ses grands-parents où il aimait passer<br />
ses vacances et de l’importance des moments<br />
où se réunissait toute sa famille.<br />
L’élève studieux et appliqué apprend la<br />
langue de Molière sur les bancs de l’école<br />
publique à une époque où l’Hexagone était<br />
encore la promesse d’un eldorado pour la<br />
diaspora portugaise. La France compte deux<br />
millions d’habitants d’origine portugaise.<br />
Carlos Pereira Marques commence des études<br />
de droit en 1979 à l’Université Catholique<br />
de Lisbonne et «le choix des études était<br />
encore largement orienté par les parents; les<br />
étudiants ne changeaient que très rarement<br />
de filière», nous dit-il, avant d’ajouter que<br />
«heureusement, cela a changé». Si cinq<br />
ans plus tôt, la Révolution des Œillets avait<br />
déchu le dictateur Salazar et son «Estado<br />
Novo», (régime autoritaire, conservateur,<br />
catholique et nationaliste); l’enseignement<br />
universitaire restait encore très théorique,<br />
«presque médiéval». Le jeune homme sensible<br />
à l’architecture, à la littérature, aux arts et<br />
qui rêvait de domaines intellectuels où sa<br />
créativité aurait pu s’exprimer, devait engloutir<br />
des volumes théoriques pour les régurgiter aux<br />
examens. C’est avec la désillusion du droit au<br />
cœur que l’étudiant décroche son diplôme<br />
et en 1985, il réussit le concours public du<br />
ministère des affaires étrangères.<br />
Carlos Pereira Marques a couvert différents<br />
volets de la carrière diplomatique: deux<br />
postes bilatéraux en Suisse et en Angola, trois<br />
expériences multilatérales et deux représentations<br />
consulaires à Berne et Johannesburg.<br />
Il s’est aussi occupé des affaires européennes<br />
et a été l’adjoint diplomatique du Président<br />
de la République, Jorge Sampaio. Il devient<br />
ambassadeur du Portugal au Grand-Duché<br />
en 2014 et découvre les liens d’amitié qui<br />
unissent les deux pays mais aussi «la capacité<br />
luxembourgeoise de se projeter dans le<br />
futur en se réinventant continuellement».<br />
À la visite récente du Premier ministre portugais<br />
António Costa à son homologue luxembourgeois,<br />
cinq accords ont été signés dans<br />
les domaines des startups, du tourisme, de<br />
la recherche, de l’espace et de l’éducation.<br />
Il y a une différence fondamentale entre<br />
quitter les terres qui nous ont vus naître dans<br />
le cadre de ses fonctions officielles et le faire<br />
pour trouver de meilleurs lendemains; cette<br />
différence, c’est l’intranquilité de l’irréversible.